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mercredi, 02 mai 2012

Une maîtresse imprévisible

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Une maîtresse imprévisible

par Georges FELTIN-TRACOL

En 1988, Dominique Venner, futur responsable de la Nouvelle Revue d’Histoire, publiait chez Plon Treize meurtres exemplaires, un ouvrage consacré à l’assassinat de treize personnalités politiques du XXe siècle. Vingt-quatre ans plus tard, il réédite le livre dans une version revue, corrigée et augmentée chez un nouvel éditeur plein d’avenir, Pierre-Guillaume de Roux, fils du célébrissime écrivain et éditeur anticonformiste Dominique de Roux.

Dominique Venner a remplacé les chapitres sur une bavure du Mossad en 1973 contre Ahmed Bouchiki et l’assassinat toujours  inexpliqué de Jean de Broglie en 1976 par l’attentat contre Hitler en juillet 1944 fomenté par le colonel von Stauffenberg et par la disparition – qui laisse perplexe – de son ami François de Grossouvre « suicidé » en avril 1994 dans son bureau de l’Élysée. Il a aussi tenu à y adjoindre un prologue et un épilogue explicatifs et en a modifié l’intitulé, « Treize meurtres exemplaires » devenant le sous-titre de L’imprévu dans l’Histoire.

En fin historien et ayant lui-même jadis envisagé d’abattre Charles de Gaulle pendant la Guerre d’Algérie comme il l’écrivit dans le merveilleux Cœur rebelle (1994), Dominique Venner s’intéresse aux attentats contre des personnes connues. En effet, à part le cas de Grossouvre, les douze choix du livre appartiennent à un mode opératoire qu’on désigne habituellement comme du terrorisme même si, ici, les actes ne concernent que des victimes individuelles et non des masses comme pour le 11 septembre 2001. À l’exception de John Fitzgerald Kennedy, son étude se concentre sur des événements européens quand bien même Léon Trotsky est exécuté à Mexico et que l’amiral Darlan meurt à Alger, à l’époque ville française.

On note une répartition équilibrée des sujets traités : trois pour la Russie (Pierre Stolypine, Raspoutine, Trotsky), quatre pour le monde slave si on y ajoute la mort d’Alexandre de Yougoslavie à Marseille en 1934 par des militants croates soutenus par les redoutables partisans de l’O.R.I.M. (Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne); trois pour la France (Gaston Calmette, Darlan et Grossouvre), voire quatre avec l’exécution à Paris en 1941 de l’aspirant Moser par des communistes; trois pour l’Allemagne et le monde germanique (François-Ferdinand à Sarajevo, Walter Rathenau en 1922, Stauffenberg), quatre avec Moser. Il y a enfin les États-Unis avec J.F.K. en 1963 et, pour l’Italie, Aldo Moro en 1979.

Ce n’est pas par hasard si Dominique Venner a pris ces exemples. Il les inscrit dorénavant dans l’imprédictibilité de l’histoire. L’histoire n’est pas une science dure, mathématique, logique et causaliste. Clio est une maîtresse imprévisible, irascible et impétueuse pour les civilisations, les peuples et les êtres. Hormis les questions démographiques, les prévisions des historiens ne se réalisent que très rarement, d’où leur réputation de « prophètes du passé » ! L’histoire est le domaine de l’hétérotélie, terme forgé par Jules Monnerot pour désigner des résultats contraires à ce que l’on désirait. Oui, l’histoire est toujours inattendue parce qu’elle est l’amante du Kairos, de ce moment décisif, qu’il faut saisir immédiatement. Pour s’approprier cet instant crucial, il importe de posséder des qualités fondamentales. « Un certain héritage historique et culturel, la fortune (l’inattendu) et la virtù sont les déterminants majeurs que l’on peut voir à l’œuvre derrière tous les grands événements de l’Histoire, plaide Dominique Venner (p. 268). »

Certains cas qu’il examine le prouvent aisément. Dominique Venner ne cache pas son admiration pour Stolypine, le Premier ministre de Nicolas II de Russie de 1906 à 1911. Ce traditionaliste réformateur s’opposa aussi bien aux révolutionnaires rouges qu’aux réactionnaires noirs. Très au fait des équilibres continentaux, sa présence à l’été 1914 lors de la crise entre la Serbie et l’Autriche-Hongrie aurait peut-être permis de temporiser l’antagonisme entre Belgrade et Vienne et de contenir le bellicisme germanophobe de certains milieux russes. Stolypine aurait pu s’appuyer sur le Français Joseph Caillaux, certainement président du Conseil si celui-ci n’avait pas été contraint de démissionner à la suite de l’assassinat du directeur du Figaro, Gaston Calmette, le 16 mars 1914, par Henriette Caillaux, son épouse lasse des attaques incessantes et vénéneuses contre son ministre de mari. L’historien féru d’uchronies peut même se demander si la survie de Raspoutine n’aurait pas incité Nicolas II à imposer aux belligérants une paix des braves comme le suggèrent Jacqueline Dauxois et Vladimir Volkoff dans leur étonnant roman Alexandra (1994).

Les assassinats de Stolypine, de Calmette et de François-Ferdinand démontrent qu’il y a bien un « effet-papillon » en histoire, terrain propice à la théorie du chaos. La disparition d’une personnalité-clé peut avoir des répercussions considérables dans le monde… L’inattendu est le synonyme de la tragédie et celle-ci n’œuvre pas que dans le terrorisme. Ainsi, Ernst Jünger a-t-il souvent médité sur la catastrophe estimée impossible du Titanic en 1912. Pour lui, ce naufrage annonçait la tendance titanesque du nouveau siècle.

On ne détaillera pas, même succinctement, les treize meurtres politiques décrits par Dominique Venner. On se permettra en revanche d’émettre quelques critiques. Il est dommage, concernant Darlan, que l’auteur ne mentionne pas l’extraordinaire De Gaulle et Giraud : l’affrontement, 1942 – 1944 (2005) de Michèle Cointet qui démêle avec brio la grande complexité politique de l’Afrique française du Nord en novembre – décembre 1942. On notera que l’enlèvement et l’assassinat d’Aldo Moro restent obscurs. Dominique Venner peut n’avoir pas pris connaissance des thèses situationnistes et/ou d’ultra-gauche qui avancent avec une argumentation probante, la manipulation des groupes armés d’extrême droite et d’extrême gauche par l’O.T.A.N. et certains cénacles occultes liés à l’État profond U.S. Par ailleurs, ce même État profond est largement impliqué dans l’élimination de John Fitzgerald Kennedy. Lee Harvey Oswald et le complot soviéto-cubain ne sont que des leurres, des couvertures, qui masquent l’immense et néfaste influence bankstériste à Washington.

Nonobstant ces quelques désaccords, L’imprévu dans l’Histoire doit être lu et médité non seulement pour le XXe siècle, mais aussi et surtout pour le XXIe. Les attentats contre Rathenau, Alexandre de Yougoslavie et Trotsky sont le fait d’hommes (et de femmes !) déterminés, prêts à sacrifier leur vie pour leur cause; ils sont les grains de sable qui entravent la « grande roue de l’histoire ». Ils sont les vecteurs de l’aléa. Or « penser l’inattendu serait un sujet de réflexion philosophique aussi utile que celui de penser la guerre (p. 268) ». Cet ouvrage nous ouvre enseigne donc une philosophie de l’histoire immédiate, celle des chocs entre la foi, les mémoires et les identités.

Georges Feltin-Tracol

Dominique Venner, L’imprévu dans l’Histoire. Treize meurtres exemplaires, Pierre-Guillaume de Roux (41, rue de Richelieu, F – 75 001 Paris, www.pgderoux.fr), 2012, 272 p., 22 €.


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

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lundi, 09 avril 2012

Ce que nous devons à la Rome antique

Lucien Jerphagnon, l'historien espiègle d'une profondeur à la portée de tous.

Ce que nous devons à la Rome antique

 
L'Empereur Julien

Que devons-nous à Rome et à la Grèce antique ? « Tout, bien sûr. Enfin presque… » Telle fut la réponse de Lucien Jerphagnon à la question que je lui avais posée dans le premier numéro de La Nouvelle Revue d’Histoire en 2002. Cette réponse fut suivie de beaucoup d’autres jusqu’à la disparition de ce grand historien, helléniste et latiniste, l’an passé.

Les autres savants qui nous ont livré leurs connaissances sur Rome l’ont toujours fait en séparant hermétiquement l’histoire (les hommes, les hauts faits, les batailles) et la philosophie (les chemins de la pensée). L’un des apports rares de Lucien Jerphagnon est d’entrelacer ces deux domaines arbitrairement séparés. D’où le regard total qu’il délivre sur l’histoire romaine. Il montre l’évolution des représentations d’une époque à une autre. Car tout changeait constamment dans ce vaste univers comme dans le nôtre.

De Romulus, fondateur mythique de la Ville en 753 avant notre ère, jusqu’à la déposition en 476 du dernier empereur d’Occident, l’évanescent Romulus Augustule, s’écoulent plus de mille deux cents ans. Plus d’un millénaire d’une histoire sans équivalent au monde, pas même en Egypte ancienne, ni en Perse, en Inde ou en Chine. C’est à la découverte de ce continent historique sans égal que nous convie avec un entrain irrésistible Lucien Jerphagnon.

Avant sa disparition (16 septembre 2011), il avait prévu de léguer à la postérité le gros et passionnant volume de la collection « Bouquins », qui vient de paraître et que l’on ne se lassera pas de relire. Sous le titre Les armes et les mots, ce volume réunit trois ouvrages en un : Histoire de la Rome antique ; Les Divins Césars : Idéologie et pouvoir dans la Rome impériale ; enfin, Histoire de la pensée : D’Homère à Jeanne d’Arc (autrement dit, de la Grèce antique au Moyen Age).

Dans une préface à ce volume, Jean d’Ormesson, ami de longue date de Lucien Jerphagnon, estime que s’il devait définir celui-ci en deux mots, il dirait « qu’il était amusant et profond ». C’est en effet bien résumer ce que fut Lucien Jerphagnon, universitaire à l’immense savoir, « toujours prêt à s’amuser et à amuser les autres ». Il apportait une rigueur extrême à ses travaux savants et à l’écriture de ses livres de haute vulgarisation, sans jamais se prendre au sérieux. Jerphagnon pensait que l’on écrit pour être compris et pas seulement des érudits. Sur les sujets les plus graves ou complexes, ses livres continuent de poser un regard qui n’était dupe de rien ni de personne. Une seule fois peut-être, l’émotion admirative l’emporte sur l’ironie souriante, quand il conclut les pages très denses qu’il consacre au jeune empereur Julien (360-363) auquel il refuse l’attribut d’ « apostat » (Le prince qui s’était trompé d’époque).

Qui furent vraiment les hommes rudes et entreprenants, fondateurs de Rome, puis contemporains des Scipion, d’Octave Auguste, Tibère, Trajan, Marc Aurèle ou plus tard Constantin et Julien ? Et que pensait-on à leur époque de ces grands personnages divinisés par nécessité politique ? Et que pensaient-ils eux-mêmes de Rome, de leur pouvoir et du monde dans lequel ils vivaient ? Dans les réponses à ces questions traitées comme par un contemporain lucide écrivant pour ses amis, et non un universitaire d’aujourd’hui, on discerne ce qu’il y a d’unique chez Lucien Jerphagnon, à la fois véritable historien, informé de tout, mais également connaisseur inégalé de la philosophie antique, puis de la curieuse religion instaurée non sans mal ni conflits cruels par les disciples et successeurs du divin Christos.

Simultanément, paraît aux éditions Albin Michel un ouvrage posthume de Lucien Jerphagnon, Connais-toi toi-même… et fais ce que tu aimes, ce qui a une autre allure et un autre sens que « fais ce qui te plais ». Il s’agit d’un florilège sur l’Antiquité grecque et romaine, « pour adoucir le cours du temps et réjouir ses amis ». On y retrouve les chroniques que le « vieux Jerph » avait données à La NRH, parmi un grand nombre d’autres textes et d’inédits, sources de connaissances et de réflexions inépuisables.

 

Dominique Venner

Notes

  1. Lucien Jerphagnon, Les armes et les mots, Robert Laffont, Bouquins, 1216 p., 32 €. Du même auteur, Connais-toi toi-même… et fais ce que tu aimes, Editions Albin Michel, 380 p., 20 €.
  2. En illustration, une effigie du jeune empereur Julien qui régna de 360 à 363. Une figure pathétique superbement restituée par Lucien Jerphagnon dans le volume de la collection Bouquins (p. 632-653).

samedi, 17 mars 2012

L'imprévu dans l'histoire

« L'imprévu dans l'histoire : Treize meurtres exemplaires », de Dominique Venner

par Jean-Yves Le Gallou

Ex: http://www.polemia.com/

ImprévuVenner.gifDans son nouveau livre, Dominique Venner revient sur l’un de ses thèmes forts : l’imprévu dans l’histoire, à l’occasion de la réédition enrichie d’un ouvrage paru en 1988 et consacré au meurtre politique. Ce livre offre des récits vifs et ouvrent de vastes horizons à la réflexion.

Car le meurtre politique est singulier. Celui qui va donner la mort sait qu’il va mourir parce qu’il ne peut réussir son « coup » qu’en sacrifiant ses chances de fuite. Et sa cible, celui qu’il veut tuer, sait aussi qu’il risque de mourir, parce que l’engagement politique expose inévitablement (et même dans les périodes calmes) à risquer sa réputation, sa liberté et sa vie. Pierre Stolypine, premier ministre du tsar, assassiné à Kiev en 1911, disait adieu aux siens à chaque fois qu’il sortait de sa maison et leur disait : « Je veux être enterré là où je serai tué ». Ce qui fut fait. Et en quittant son pays pour un voyage officiel en France qui lui fut fatal, en 1934, le roi Alexandre de Yougoslavie dit à la reine Marie : « Allons, ma chère, braver les attentats ne fait-il pas partie du métier de roi ? »

Le meurtre politique a inspiré les auteurs antiques, comme les philosophes de la fin du Moyen Age et de la Renaissance qui ont développé la théorie du tyrannicide. Cette théorie était encore invoquée en 1962 par le polytechnicien Bastien-Thiry, fusillé après avoir tenté d’assassiner le général De Gaulle.

Des auteurs contemporains se sont intéressés à l’étude du meurtre politique. Dans une vaste fresque parue en 1990 Franklin L. Ford s’interroge sur l’efficacité du procédé à travers 2500 ans d’histoire. Pour son préfacier, Pierre Chaunu : « L’histoire enseigne que le meurtre politique a presque toujours manqué son but. » Cette conclusion rejoint le principe d’hétérotélie analysé par Jules Monnerot dans Les lois du tragique et L’Intelligence du politique : le résultat d’une action politique est souvent en décalage par rapport à l’intention initiale.

Pas toujours, toutefois ! Dans Le Couteau et le Poison, paru en 1997, Georges Minois étudie l’assassinat politique en Europe de 1400 à 1800. Certes, tout ne marche pas toujours selon les souhaits des assassins. Le meurtre d’Henri III par le moine Jacques Clément débouche sur l’avènement d’un prince protestant et relaps, ce qui ne correspondait pas aux vœux de la Sainte Ligue. Ravaillac réussit mieux son coup ! Les effets de l’assassinat d’Henri IV sont plus importants : c‘est le report – au moins pour quelques années – de la guerre contre les Habsbourg. A contrario quelques années plus tôt l’assassinat d’Henri de Guise, en 1588, a peut-être sauvé la monarchie capétienne : « acte de justice du roi », le meurtre du Balafré rétablit l’ordre naturel de la monarchie.

Le propos de Dominique Venner est différent : il montre que treize meurtres du XXe siècle ont fait surgir l’inattendu dans l’histoire. Pas tous, d’ailleurs. L’assassinat de Kennedy – le premier sous l’œil des caméras – fut aussi spectaculaire qu’énigmatique mais il ne changea pas grand-chose au cours de l’histoire. Tel ne fut pas le cas de l’attentat contre l’archiduc François Ferdinand à Sarajevo : « Un coup de pistolet, neuf millions de morts ».

Il n’y avait pourtant pas de fatalité à cette montée aux extrêmes : plusieurs crises – dans les Balkans ou au Maroc – furent dénouées sans conflagration dans les années précédentes. Mais Dominique Venner pointe deux meurtres antérieurs qui ont joué – hasard malheureux – leur rôle dans le déclenchement de la Grande Guerre, deux meurtres qui ont éliminé deux hommes de haute vue qui auraient – peut-être – pu s’opposer aux bellicistes : Stolypine en Russie (assassiné en 1911) et Caillaux en France (sorti du jeu politique à la suite de l’assassinat, par Madame Caillaux, de Gaston Calmettes, le directeur du Figaro en mars 1914).

Certes, la Guerre de 1914 fut sans doute le produit de la fatale nécessité des alliances ; mais le hasard a joué son rôle dans la manière dont les hommes en place ont fait face à des circonstances exceptionnelles. En tout cas, le 28 juin 1914 nul ne pouvait imaginer l’ampleur incroyable des changements qui allaient suivre.

Voilà qui doit conduire – et c’est le message de Dominique Venner – à bien mesurer les limites du déterminisme historique. Les situations qui paraissent les mieux établies peuvent être bouleversées par un caprice du destin. Pour le pire, souvent, pour le meilleur parfois !

Jean-Yves Le Gallou
7/03/2012

Voir aussi les articles sur Polémia :

« Le choc de l'histoire » de Dominique Venner : un livre lumineux
Entretien avec Dominique Venner, « Le Choc de l'Histoire. Religion, mémoire,identité » Propos recueillis par Laure d'Estrée
« Le Siècle de 1914 / Utopies, guerres et révolutions en Europe au XXe siècle » de Dominique Venner

A lire :

Dominique Venner, L’imprévu dans l’histoire, Treize meurtres exemplaires, Pierre Guillaume de Roux, 2012
Crimes d’État et scandales politiques, la Nouvelle Revue d'Histoire, n°59, mars - avril 2012.
Franklin L Ford, Le Meurtre politique, du tyrannicide au terrorisme, PUF, 1990
Georges Minois, Le couteau et le poison, L’assassinat politique en Europe (1400-1800), Fayard, 1997

mardi, 24 janvier 2012

L'insolence des anarchistes de droite

L'insolence des anarchistes de droite
 
ADG

Article de Dominique Venner dans Le Spectacle du Monde de décembre 2011

Ex: http://www.dominiquevenner.fr/

Les anarchistes de droite me semblent la contribution française la plus authentique et la plus talentueuse à une certaine rébellion insolente de l’esprit européen face à la « modernité », autrement dit l’hypocrisie bourgeoise de gauche et de droite. Leur saint patron pourrait être Barbey d’Aurévilly (Les Diaboliques), à moins que ce ne soit Molière (Tartuffe). Caractéristique dominante : en politique, ils n’appartiennent jamais à la droite modérée et honnissent les politiciens défenseurs du portefeuille et de la morale. C’est pourquoi l’on rencontre dans leur cohorte indocile des écrivains que l’on pourrait dire de gauche, comme Marcel Aymé, ou qu’il serait impossible d’étiqueter, comme Jean Anouilh. Ils ont en commun un talent railleur et un goût du panache dont témoignent Antoine Blondin (Monsieur Jadis), Roger Nimier (Le Hussard bleu), Jean Dutourd (Les Taxis de la Marne) ou Jean Cau (Croquis de mémoire). A la façon de Georges Bernanos, ils se sont souvent querellés avec leurs maîtres à penser. On les retrouve encore, hautins, farceurs et féroces, derrière la caméra de Georges Lautner (Les Tontons flingueurs ou Le Professionnel), avec les dialogues de Michel Audiard, qui est à lui seul un archétype.

Deux parmi ces anarchistes de la plume ont dominé en leur temps le roman noir. Sous un régime d’épais conformisme, ils firent de leurs romans sombres ou rigolards les ultimes refuges de la liberté de penser. Ces deux-là ont été dans les années 1980 les pères du nouveau polar français. On les a dit enfants de Mai 68. L’un par la main gauche, l’autre par la  main droite. Passant au crible le monde hautement immoral dans lequel il leur fallait vivre, ils ont tiré à vue sur les pantins et parfois même sur leur copains.

À quelques années de distances, tous les deux sont nés un 19 décembre. L’un s’appelait Jean-Patrick Manchette. Il avait commencé comme traducteur de polars américains. Pour l’état civil, l’autre était Alain Fournier, un nom un peu difficile à porter quand on veut faire carrière en littérature. Il choisit donc un pseudonyme qui avait le mérite de la nouveauté : ADG. Ces initiales ne voulaient strictement rien dire, mais elles étaient faciles à mémoriser.

En 1971, sans se connaître, Manchette et son cadet ADG ont publié leur premier roman dans la Série Noire. Ce fut comme une petite révolution. D’emblée, ils venaient de donner un terrible coup de vieux à tout un pan du polar à la française. Fini les truands corses et les durs de Pigalle. Fini le code de l’honneur à la Gabin. Avec eux, le roman noir se projetait dans les tortueux méandres de la nouvelle République. L’un traitait son affaire sur le mode ténébreux, et l’autre dans un registre ironique. Impossible après eux d’écrire comme avant. On dit qu’ils avaient pris des leçons chez Chandler ou Hammett. Mais ils n’avaient surtout pas oublié de lire Céline, Michel Audiard et peut-être aussi Paul Morand. Ecriture sèche, efficace comme une rafale bien expédiée. Plus riche en trouvailles et en calembours chez ADG, plus aride chez Manchette.

Né en 1942, mort en 1996, Jean-Patrick Manchette publia en 1971 L’affaire N’Gustro directement inspirée de l’affaire Ben Barka (opposant marocain enlevé et liquidé en 1965 avec la complicité active du pouvoir et des basses polices). Sa connaissance des milieux gauchistes de sa folle jeunesse accoucha d’un tableau véridique et impitoyable. Féministes freudiennes et nymphos, intellos débiles et militants paumés. Une galerie complète des laissés pour compte de Mai 68, auxquels Manchette ajoutait quelques portraits hilarants de révolutionnaires tropicaux. Le personnage le moins antipathique était le tueur, ancien de l’OAS, qui se foutait complètement des fantasmes de ses complices occasionnels. C’était un cynique plutôt fréquentable, mais il n’était pas de taille face aux grands requins qui tiraient les ficelles. Il fut donc dévoré.

Ce premier roman, comme tous ceux qu’écrivit Manchette, était d’un pessimisme intégral. Il y démontait la mécanique du monde réel. Derrière le décor, régnaient les trois divinités de l’époque : le fric, le sexe et le pouvoir.

Au fil de ses propres polars, ADG montra qu’il était lui aussi un auteur au parfum, appréciant les allusions historiques musclées. Tour cela dans un style bien identifiable, charpenté de calembours, écrivant « ouisquie » comme Jacques Perret, l’auteur inoubliable et provisoirement oublié de Bande à part.

Si l’on ne devait lire d’ADG qu’un seul roman, ce serait Pour venger Pépère (Gallimard), un petit chef d’œuvre. Sous une forme ramassée, la palette adégienne y est la plus gouailleuse. Perfection en tout, scénario rond comme un œuf, ironie décapante, brin de poésie légère, irrespect pour les « valeurs » avariées d’une époque corrompue.

L’histoire est celle d’une magnifique vengeance qui a pour cadre la Touraine, patrie de l’auteur. On y voit Maître Pascal Delcroix, jeune avocat costaud et désargenté, se lancer dans une petite guerre téméraire contre les puissants barons de la politique locale. Hormis sa belle inconscience, il a pour soutien un copain nommé « Machin », journaliste droitier d’origine russe, passablement porté sur la bouteille, et « droit comme un tirebouchon ». On s’initie au passage à la dégustation de quelques crus de Touraine, le petit blanc clair et odorant de Montlouis, ou le Turquant coulant comme velours.

Point de départ, l’assassinat fortuit du grand-père de l’avocat. Un grand-père comme on voudrait tous en avoir, ouvrier retraité et communiste à la mode de 1870, aimant le son du clairon et plus encore la pêche au gardon. Fier et pas dégonflé avec çà, ce qui lui vaut d’être tué par des malfrats dûment protégés. A partir de là on entre dans le vif du sujet, c’est à dire dans le ventre puant d’un système faisandé, face nocturne d’un pays jadis noble et galant, dont une certaine Sophie, blonde et gracieuse jeunes fille, semble comme le dernier jardin ensoleillé. Rien de lugubre pourtant, contrairement aux romans de Manchettes. Au contraire, grâce à une insolence joyeuse et un mépris libérateur.

Au lendemain de sa mort (1er novembre 2004), ADG fit un retour inattendu avec J’ai déjà donné, roman salué par toute la critique. Héritier de quelques siècles de gouaille gauloise, insolente et frondeuse, ADG avait planté entre-temps dans la panse d’une république peu recommandable les banderilles les plus jubilatoires de l’anarchisme de droite.

Notes

Alain Fournier, dit ADG (1947-2004), un pseudonyme choisi à partir des initiales de son tout premier nom de plume, Alain Dreux-Gallou. Une oeuvre jubilatoire plein d ‘irrespect contre les “valeurs” avariées d’une époque corrompue.

dimanche, 22 janvier 2012

L'histoire serait-elle impartiale ?...

L'histoire serait-elle impartiale ?...

Nous reproduisons ci-dessous l'éditorial de Dominique Venner publié dans le dernier numéro de la Nouvelle Revue d'Histoire (n°58, janvier - février 2012) au manichéisme qui sévit actuellement dans la lecture de l'histoire.

 

L'histoire serait-elle impartiale ?

200_Venner.jpgPour tous ceux qui avaient des raisons de combattre la Collaboration, celle-ci fut détestable.  Et de fait, ses aspects haïssables n’ont pas manqué. Pourtant, du côté français, mais aussi du côté allemand, des hommes d’honneur et de foi se sont engagés dans cette voie qu’ils croyaient juste et que l’histoire a condamné. Le plus souvent, ils ont payé leurs illusions au prix fort. Non seulement ils y ont fréquemment perdu la vie, leur liberté et leur existence sociale, mais plus encore la possibilité de faire valoir leurs raisons. Morts ou survivants, il leur fallait endurer une réprobation générale à l’égard d’un engagement réputé ignoble et devenu incompréhensible, L’interprétation imposée par la victoire de leurs adversaires triomphants était à la fois totale et totalitaire (1). En d’autres termes, l’histoire écrite par les vainqueurs impose un manichéisme absolu entre eux-mêmes qui sont associés au Bien, et les vaincus, devenus incarnation du Mal à tout jamais.

Il en est toujours ainsi après une guerre de religions. Et la Seconde Guerre mondiale fut une guerre de religions. Les vaincus perdirent d’un seul coup la possibilité d’être compris. Ce qui les avait justifiés quand ils portaient encore les armes, soudain s’est évanoui, remplacé par le verdict sans appel d’un procès jugé d’avance, où les inquisiteurs triomphants jouissaient du pouvoir de les transformer en d’indicibles criminels pour l’éternité ou presque. Oui, je dis bien l’éternité !

L’empereur Julien, qui pourtant ne fit jamais couler le sang pour la cause qu’il croyait juste, se voit aujourd’hui encore qualifié d’Apostat par la mémoire collective imposée par ses adversaires victorieux. Rien ne sert d’expliquer que cet attribut est aussi calomnieux que scandaleux. Calomnieux, puisque jamais Julien n’adopta la nouvelle religion étrangère contre laquelle il éleva la protestation de sa fidélité. Il ne fut donc pas « apostat », mais fidèle. Si l’on réfléchit un instant, l’attribut dont on continue de l’affubler est également scandaleux. Dans notre monde européen, libre en principe de tout interdit religieux, l’apostasie est en effet une sentence criminelle d’un autre âge, impliquant une condamnation pour l’éternité. En dépit du temps écoulé et des travaux de réhabilitation des historiens, elle a cependant persisté (2).

9782857047841FS.gifPar ce détour, je ne me suis pas éloigné de ma réflexion initiale. L’exemple de l’opprobre attachée au nom de l’empereur Julien, disparu depuis plus de quinze siècles, attire l’attention sur l’écriture de l’histoire après un conflit ayant mobilisé les passions à l’extrême et dont les vainqueurs ont l’exclusivité de la parole publique. Ce que j’ai dit de l’empereur Julien pourrait l’être aussi, bien que de façon plus limitée, pour le grand personnage que fut le Connétable de Bourbon, à tout jamais qualifié de « traître » par une mémoire française qui se confond avec celle de l’État. En son temps, la révolte du Connétable contre François Ier et sa mère qui l’avaient grugé, fut comprise par les contemporains. Le droit féodal et le principe de l’engagement réciproque la justifiaient. Rien de cela ne fut plus admis quand s’imposa plus tard l’idée nouvelle de la nation et de la « trahison » postérieure à 1792 ou 1870.

Nous voici revenus au jugement manichéen que l’histoire inflige aux acteurs des années de l’Occupation. Par deux autres exemples, j’ai montré ce qu’il y a d’incertain dans le jugement historique. Autrement dit, quand un vaincu, devant les fusils qui vont le tuer, s’écrie : « L’Histoire jugera ! », il se remonte le moral au prix d’une chimère. L’histoire n’est jamais un tribunal impartial. Elle est toujours écrite par les vainqueurs. Il arrive cependant qu’une défaite ultérieure des anciens vainqueurs, une défaite « historique », c’est-à-dire sans appel, accorde une revanche inattendue aux vaincus. Il en a été ainsi en Russie pour les Blancs, réhabilité par l’effondrement absolu du système qu’avaient édifié les Rouges après 1917.

Dominique Venner (La Nouvelle Revue d'Histoire n°, janvier-février 2012)

Notes

1. Totalitaire : qui s’impose à tous et en toute chose, pénétrant la vie privée au même titre que le vie publique.

2. Grand historien récemment disparu, Lucien Jerphagnon, chrétien lui-même, s’indignait de l’éternisation de la condamnation posthume portée contre le jeune empereur auquel il consacra une captivante et riche biographie, Julien, dit l’Apostat (Tallandier, 2008).

Dominique VENNER: Is de geschiedenis werkelijk onpartijdig… ?

Dominique VENNER:

Is de geschiedenis werkelijk onpartijdig… ?

Hieronder vindt u het editoriaal van Dominique Venner in het laatste nummer van La Nouvelle Revue d'Histoire (nr. 58, januari - februari 2012) over het manicheïsme dat tegenwoordig heerst in de manier waarop men de geschiedenis uitlegt.

Landsknechte.jpgVoor hen die goede redenen hadden om de collaboratie te bevechten, was deze verwerpelijk. Het heeft de collaboratie inderdaad niet aan verfoeibare aspecten ontbroken. Niettemin hebben zich zowel aan Franse als aan Duitse zijde mensen in eer en geweten ingezet voor deze weg, waarvan zij dachten dat hij de juiste was, en die achteraf door de geschiedenis werd veroordeeld. Heel vaak hebben ze hun illusies cash betaald. Niet enkel hebben ze er vaak het leven bij gelaten, of hun vrijheid en hun sociaal bestaan verloren, maar meer nog bleven ze verstoken van de mogelijkheid om hun beweegredenen te duiden. Zowel de overledenen als de overlevenden werden blootgesteld aan de algemene veroordeling van een engagement dat als weerzinwekkend werd afgeschilderd en dat onbegrijpelijk was geworden. De interpretatie die door de overwinning van hun zegevierende tegenstanders werd opgelegd was tegelijkertijd totaal en totalitair (1). Met andere woorden, de geschiedenis, die door de overwinnaars wordt geschreven, legt een absoluut manicheïsme op tussen deze laatsten enerzijds, die geassocieerd worden met het Goede, en de overwonnenen anderzijds, die tot in de eeuwigheid het Kwade belichamen.

Zo gaat het altijd na een godsdienstoorlog. En de Tweede Wereldoorlog was wel degelijk een godsdienstoorlog. De overwonnenen verloren in één klap de mogelijkheid om begrepen te worden. Wat hen rechtvaardigde toen ze nog wapens droegen, verdween in één klap en werd vervangen door een verdict van een proces zonder beroepsmogelijkheid, waarvan de uitkomst op voorhand vaststond, met triomferende inquisiteurs die genoten van de macht die hen in staat stelde hun tegenstanders voor de eeuwigheid – of zo goed als - te veranderen in uitgespuwde criminelen. Ja, ik zeg wel degelijk “voor de eeuwigheid”!

Keizer Julianus, die nochtans nooit bloed liet vloeien voor een zaak die hij als de juiste aanzag, wordt vandaag nog steeds uitgemaakt voor “afvallige” door het collectieve geheugen dat werd opgelegd door zijn zegevierende tegenstanders. Uitleggen dat dit predikaat even lasterlijk als schandalig is, heeft weinig zin. Lasterlijk, omdat Julianus zich nooit bekeerde tot de vreemde nieuwe religie waartegen hij uit trouw protesteerde. Hij was dus niet “afvallig”, maar trouw. Wanneer men wat verder nadenkt, beseft men dat de bijnaam waarmee men hem bedenkt ook schandalig is. In onze Europese wereld, die in principe vrij is van religieuze verboden, is afvalligheid een crimineel vergrijp dat dateert uit een ander tijdperk en eeuwige verdoemenis met zich meebrengt. Ondanks het vervliegen van de tijd en de rehabilitatie door historici blijft deze desondanks aan hem kleven (2).

Ik ben langs deze omweg niet afgeweken van mijn initiële bedenking. Het voorbeeld van de schandvlek die kleeft aan keizer Julianus, die meer dan vijftien eeuwen geleden gestorven is, vestigt de aandacht op de geschiedschrijving na een conflict dat de emoties tot in het extreme heeft beroerd en waarvan de overwinnaars over de exclusiviteit van het publieke woord beschikken. Wat ik geschreven heb over keizer Julianus geldt evenzeer, zij het in beperktere mate, voor de Konstabel van Bourbon, die voor altijd het stigma van « verrader » kreeg opgekleefd door een Frans geheugen dat zichzelf verwart met het geheugen van de staat. Indertijd kon de opstand van de Konstabel tegen Frans I en diens moeder, die hem geruïneerd hadden, op begrip rekenen bij zijn tijdgenoten. Het feodale recht en het principe van de wederzijdse verbintenis rechtvaardigden deze opstand. Dit verdween toen later de nieuwe idee van de natie en van het “verraad” na 1792 of 1870 ingang vond.

Laat ons nu terugkeren naar het manicheïstische oordeel dat de geschiedenis velt over de actoren van de collaboratiejaren. Met twee voorbeelden heb ik de onzekerheden in het historische oordeel aangetoond. Een overwonnene maakt zich dus illusies, wanneer hij voor het vuurpeloton uitroept dat de geschiedenis wel zal oordelen. De geschiedenis is nooit een onpartijdige rechtbank. Zij wordt altijd geschreven door de overwinnaars. Het gebeurt evenwel dat een latere nederlaag van de vroegere overwinnaars, een « historische » nederlaag, namelijk ééntje zonder mogelijkheid om ze ongedaan te maken, uiteindelijk toch nog onvoorzien gelijk geeft aan de vroegere overwonnenen. Zo is het bijvoorbeeld in Rusland gelopen met de Witten, die door de volledige ineenstorting van het systeem dat door de Roden na 1917 was opgebouwd, werden gerehabiliteerd.

Dominique Venner (La Nouvelle Revue d'Histoire nr. 58, januari - februari 2012)

Voetnoten :

1. Totalitair: wat zich aan alles en iedereen opdringt, en zowel het openbare als het privé-leven binnendringt.

2. De grote, onlangs overleden historicus Lucien Jerphagnon, die zelf christen is, was verontwaardigd over de vereeuwiging van de postume veroordeling van de jonge keizer, aan wie hij een boeiende en rijke biografie heeft gewijd: Julien, dit l’Apostat (Tallandier, 2008).

lundi, 16 janvier 2012

NRH: les intellectuels et la gauche dans la collaboration

Le nouveau numéro de la NRH :

LES INTELLECTUELS ET LA GAUCHE DANS LA COLLABORATION

dossier-581.jpgPourquoi les années 40 continuent-elles de fasciner à ce point ? Il faut sans doute tenir compte de leur présence récurrente dans les médias. Mais on peut penser aussi que pèse inconsciemment dans les mémoires le concentré chronologique de ces années-là. D’un jour à l’autre, la vision de la veille était bouleversée par le mouvement des armées en Russie ou en Asie. Dès que l’on examine d’un peu près le destin des acteurs français, ce qui frappe c’est à quel point il était imprévisible. Qui, en 1938, aurait imaginé le destin ultérieur du maréchal Pétain, celui de Pierre Laval, celui de Marcel Déat, celui de Jacques Doriot et de tant d’autres ? Et parmi ces destins, celui des intellectuels et des hommes de gauche engagés dans la Collaboration est certainement ce qui déconcerte le plus. Mais c’est une réalité en grande partie masquée. Le dossier que nous avons réalisé vise à révéler tout ce pan occulté de la période.

 

Au cours d’un entretien recueilli par Pauline Lecomte, Dominique Venner, auteur d’une Histoire de la Collaboration réputée, trace les contours réels de cette histoire qui ne se confond pas avec celle de Vichy (p. 34). Côté allemand, l’acteur politique principal était Otto Abetz. Charles Vaugeois en brosse le portrait réel et souligne ses intentions méconnues (p. 38). Côté français, on l’ignore souvent, la Collaboration s’est principalement nourrie de la gauche pacifiste et socialiste, ce que montre ici Francis Bergeron (p. 40). Le rôle de l’intelligentsia fut également prépondérant, favorisé par un acteur allemand trop oublié, Karl Epting, l’un des rares admirateurs germaniques de Céline (p. 44). Dans ce dossier, nous ne pouvions pas ignorer le personnage capital et fascinant que fut Drieu la Rochelle, ce que fait Julien Hervier, l’universitaire le plus averti à son sujet (p. 46). C’est un destin tout différent et très original que révèle Alain de Benoist en traçant le portrait de Georges Soulès, futur René Abellio (p. 50). Après quoi Antoine Baudoin propose un impressionnant Dictionnaire des nombreux hommes politiques de gauche engagés dans la Collaboration (p. 53). Et pour conclure, Philippe d’Hugues brosse un tableau très complet de ce que fut la scène littéraire au cours d’années qui ne furent pas noires pour tous (p. 58).

mardi, 03 janvier 2012

Dominique Venner, électrochoc des esprits pour un choc de l’histoire

Dominique Venner, électrochoc des esprits pour un choc de l’histoire

Ex: http://www.ladroitestrasbourgeoise.com/

ChocVenner.jpgDans un livre d’entretien conduit par la journaliste Pauline Lecomte, « Le choc de l’histoire » publié aux éditions « Via Romana », Venner se penche une nouvelle fois sur notre époque en crise. On retrouvera en filigrane la grille d’analyse affûtée qu’il avait déjà exposée dans son ouvrage « Le siècle de 1914 », mais cette fois pour en dépasser le cadre restreint de la discipline historique. 

Selon lui, la grave crise actuelle clos un cycle historique amorcé en 1914 et qui aura secoué tout le XXème siècle. Après avoir favorisé un lent processus de déchristianisation, les idéaux des Lumières ont vu, au cours du dernier siècle,  les grands récits idéologiques qu’ils avaient enfantés s’effondrer les uns après les autres. Après avoir tordu le cou aux aventures fascistes en Europe, le communisme et le capitalisme mondialiste, qui se sont imposés à une Europe réduite à la sujétion, se sont révélés finalement incapables de surmonter les contradictions systémiques internes qui les taraudaient.

Le communisme s’affaissera brutalement sur lui-même sans prévenir, en 1989, laissant le mondialisme des droits de l’homme porté par les Etats-Unis bien seul face à ses propres apories. Passée une brève période d’euphorie, la faillite de Lehmann Brother en 2008 est venue signifier à une planète incrédule la mort par KO technique de la dernière illusion issue des ruines du XXème siècle et partant, le début du déclin de l’empire américain.

Pour Dominique Venner, la grande faute qui caractérisa toutes ces expériences idéologiques fut de ne s’inscrire qu’exclusivement dans le champ trop temporel du politique ou de l’économique. Malgré les prétentions eschatologiques et les abords religieux que ces aventures n’ont jamais manqué d’emprunter, toutes se révélèrent in fine bien incapables de bâtir des modèles durables de société, comme su par exemple le faire en son temps le christianisme. Les mythes du progressisme égalitaire, de l’homme nouveau ou encore de la fin de l’histoire auront finalement buté sur l’amère réalité de leur impossible avènement. Leurs échecs successifs laissent donc aujourd’hui les Européens à la fois exsangues et durement désemparés devant un sérieux questionnement identitaire.

Même le christianisme, passablement épuisé, ne présente plus la moindre possibilité d’un recours. Son universalisme – qui put être un atout lorsqu’il s’agissait de légitimer l’hégémonie de l’Europe sur le monde – se révèle désormais totalement inopérant à offrir des solutions pour des Européens ramenés à un monde multipolaire et violemment chaviré par un rééquilibrage des puissances entre ex-dominés et ex-dominants. Pire encore ! Ce résidu d’universalisme, qui nimbe encore tout l’Occident, les handicape aujourd’hui dans leur capacité à répondre au réveil identitaire, et souvent revanchard, des civilisations concurrentes.

dvenner2.jpg

L’état des lieux est clair : l’Europe, assommée par le traumatisme de deux guerres mondiales, est entrée en dormition depuis plus de 50 ans. Mais l’effondrement annoncé de l’empire américain provoquera inévitablement le retour souverain des nations du vieux continent dans le jeu de l’histoire. Inutile de s’illusionner ! Ce réveil ne se fera pas sans de déchirantes et profondes révisions. La grande démonstration de ce livre tient précisément dans l’évidence que la solution dépasse largement le champ des contingences du politique stricto sensu.

Dépourvue de religion identitaire, à la différence de l’Inde, du Japon ou de la Chine, l’Europe va devoir retrouver ce qui la singularise en renouant avec sa plus longue mémoire. Une mémoire amenée à former les bases d’une mystique identitaire apte à produire un imaginaire collectif opérant face aux nouveaux enjeux de la modernité. Les Européens vont devoir se réarmer moralement s’ils ne veulent pas tomber en servitude. A cet égard, il nous donne l’exemple du renouveau hindouiste actuel en Inde, amorcé grâce à la création par Nagpur en 1925 d’un mouvement identitaire à vocation plus culturelle et spirituelle que politique.

Sur ce chemin qui remonte dans notre plus longue mémoire, Dominique Venner nous indique des pistes. Il nous renvoie d’abord à son ouvrage « Histoire et Tradition des Européens : 30000 ans d’identité » et évoque ensuite une « histoire européenne des comportements [pouvant] être décrite comme le cours d’une rivière souterraine invisible et pourtant réelle. » Pour lui, cette rivière qui coule en nous, souvent à notre insu, prend sa source dans la Grèce antique en général et dans l’œuvre fondatrice d’Homère en particulier. Dans l’Iliade et l’Odyssée, qu’il qualifie de « mémoire des origines », il est possible de retrouver tout l’imaginaire européen dans sa substance la plus parfaite. Notre vision du monde, notre rapport à la nature, au vivant, à la mort, notre cœur aventureux, notre façon d’enchanter les éléments et de sublimer nos sentiments, cette relation entre les hommes et les femmes sur un pied d’égalité, tout est là sous nos yeux, écrit il y a presque 3000 ans déjà.

Venner nous avise toutefois à ne pas confondre tradition et folklore. La vraie tradition consiste à entreprendre des choses neuves dans le même esprit que celui des anciens. Alors que le folklore, c’est justement l’inverse. En exemple, il nous donne des figures contemporaines d’Européens, sur lesquelles, selon lui,  l’esprit de la tradition a indéniablement soufflé. Parmi ceux-ci, il s’attarde longuement sur le cas du colonel Claus von Stauffenberg. Cet officier qui incarna la fidélité à la tradition aristocratique allemande fut l’instigateur décisif de l’attentat manqué contre Hitler.

En conclusion, nous citerons cette phrase de Dominique Venner : « ce n’est pas rien de se savoir fils et filles d’Homère, d’Ulysse  et de Pénélope. »

Olrik

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mercredi, 09 novembre 2011

The Unforeseen, the Chinese, & the Favorable Moment

The Unforeseen, the Chinese, & the Favorable Moment

By Dominique Venner

Ex: http://www.counter-currents.com/

Translated by Greg Johnson

Current events sometimes offer striking examples of the unforeseen. Last spring, we were all shocked by images of one of the great and powerful looking despondent, his wrists shackled, having suddenly fallen from his perch of impunity. By means of the media, spectators felt that they were following much more than a single news event. In a second, one of the princes of our age, by the unforeseen revelation of a sordid escapade, was brought down to earth, and with him the hopes of an arrogant coterie.

We could conclude from this that the unexpected is king, not only in petty politics, but also in history. Suddenly, human weakness triumphed over power. But on other occasions, the acting power can find instruments to bring down an obstacle condensed in a person, as the colored revolutions of our time show. We know that history is the realm of the unexpected.

War offers brutal demonstrations. It is surprising enough that in Europe a serious reflection on the subject had to wait until shortly after the Napoleonic adventure. Then Clausewitz reported that Europe had failed to ponder war. Paradoxically, he said, Europe failed insofar as she always wanted to predict and model war. She wanted to understand it in reference to a “model” that one never encounters in reality. The distinctive mark of war, he says, it is that its reality never coincides with the “model.” This is often said of the French Army, but it also goes for the others. In 1914, France prepared for the war of 1870, and in 1940, for that of 1914. . . . The Americans have not done differently. In Iraq and in Afghanistan, they wished to avoid the errors of Vietnam, but things turned out differently.

Ultimately, one awaits a great political or military strategist, if not a “stroke of genius” which consists in leaving aside all models, to seize the “decisive factors” in flight, to trust his sense of smell and his perspicacity, which the Ancients called metis, of which Ulysses, in the Odyssey is the very incarnation.

Unlike Europeans, the ancient Chinese had developed a true understanding of war at the time of the Warring States in the 5th and 4th centuries before our era. China was then divided into rival principalities that made continual war in order to restore, to their advantage, the unity of the Empire. At this point in time, the treatises of Sun Tzu and various others were written, of which one finds no equivalent in Europe, aside from the patience and wiles of Ulysses revealed in the Odyssey.

Ulysses did not model in advance a plan of survival or victory. But, with an innate talent, he observed situations, saw how they evolved and could be turned to his profit, then reacted like lightning (to blind the Cyclops Polyphemus or to neutralize the sorceress Circe), but sometimes also arming himself with patience (“patience, my heart”), during his long captivity with Calypso or in preparing his revenge after his return to Ithaca.

To detect the “decisive” factors means being able to await the occasion, the turn of “fortune.” As in bridge or poker, there are times when it is necessary to “pass” for lack of “play.” In the Odyssey, this strategic concept is constantly present. Ulysses is unfailingly patient in awaiting the favorable moment. Then, he strikes like lightning (the liquidation of the “suitors”).

But the very notion of metis (cunning, wile) disappeared from Greek thought and even from the language in the classical era with the rise of philosophical reasoning (Plato). The notion of the Platonic essences, by disqualifying the empirical method in favor of abstract construction, founded an enduring era of modeling. This became the strength but also the weakness of Europe.

What to do when “fortune” is concealed, when the “decisive” factor is absent? One can, of course, in a very European way, hurl oneself into futile but heroic action. Indeed, there are moments when one must know when to withdraw oneself and wait for the situation to change. And it always changes. It was, for example, a political strategy used by De Gaulle. During his “crossing of the desert,” for lack of “play” in the Chinese sense of the word, he wrote his War Memoirs. It was a way of waiting and preparing for the future.

Source: http://www.dominiquevenner.fr/#/edito-nrh-56-imprevu/3897130 [2]

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2011/11/the-unforeseen-the-chinese-and-the-favorable-moment/

samedi, 22 octobre 2011

Dominique Venner, électrochoc des esprits pour un choc de l'histoire

 

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Dominique Venner, électrochoc des esprits pour un choc de l'histoire

Par Olrik

Ex: La Droite strasbourgeoise (cliquez ici)

choc-histoire.jpgDans un livre d’entretien conduit par la journaliste Pauline Lecomte, « Le choc de l’histoire » publié aux éditions « Via Romana », Venner se penche une nouvelle fois sur notre époque en crise. On retrouvera en filigrane la grille d’analyse affûtée qu’il avait déjà exposée dans son ouvrage « Le siècle de 1914 », mais cette fois pour en dépasser le cadre restreint de la discipline historique. 

Selon lui, la grave crise actuelle clos un cycle historique amorcé en 1914 et qui aura secoué tout le XXème siècle. Après avoir favorisé un lent processus de déchristianisation, les idéaux des Lumières ont vu, au cours du dernier siècle,  les grands récits idéologiques qu’ils avaient enfantés s’effondrer les uns après les autres. Après avoir tordu le cou aux aventures fascistes en Europe, le communisme et le capitalisme mondialiste, qui se sont imposés à une Europe réduite à la sujétion, se sont révélés finalement incapables de surmonter les contradictions systémiques internes qui les taraudaient.

Le communisme s’affaissera brutalement sur lui-même sans prévenir, en 1989, laissant le mondialisme des droits de l’homme porté par les Etats-Unis bien seul face à ses propres apories. Passée une brève période d’euphorie, la faillite de Lehmann Brother en 2008 est venue signifier à une planète incrédule la mort par KO technique de la dernière illusion issue des ruines du XXème siècle et partant, le début du déclin de l’empire américain. 

Pour Dominique Venner, la grande faute qui caractérisa toutes ces expériences idéologiques fut de ne s’inscrire qu’exclusivement dans le champ trop temporel du politique ou de l’économique. Malgré les prétentions eschatologiques et les abords religieux que ces aventures n’ont jamais manqué d’emprunter, toutes se révélèrent in fine bien incapables de bâtir des modèles durables de société, comme su par exemple le faire en son temps le christianisme. Les mythes du progressisme égalitaire, de l’homme nouveau ou encore de la fin de l’histoire auront finalement buté sur l’amère réalité de leur impossible avènement. Leurs échecs successifs laissent donc aujourd’hui les Européens à la fois exsangues et durement désemparés devant un sérieux questionnement identitaire.

Même le christianisme, passablement épuisé, ne présente plus la moindre possibilité d’un recours. Son universalisme - qui put être un atout lorsqu’il s’agissait de légitimer l’hégémonie de l’Europe sur le monde - se révèle désormais totalement inopérant à offrir des solutions pour des Européens ramenés à un monde multipolaire et violemment chaviré par un rééquilibrage des puissances entre ex-dominés et ex-dominants. Pire encore ! Ce résidu d’universalisme, qui nimbe encore tout l’Occident, les handicape aujourd’hui dans leur capacité à répondre au réveil identitaire, et souvent revanchard, des civilisations concurrentes.

L’état des lieux est clair : l’Europe, assommée par le traumatisme de deux guerres mondiales, est entrée en dormition depuis plus de 50 ans. Mais l’effondrement annoncé de l’empire américain provoquera inévitablement le retour souverain des nations du vieux continent dans le jeu de l’histoire. Inutile de s’illusionner ! Ce réveil ne se fera pas sans de déchirantes et profondes révisions. La grande démonstration de ce livre tient précisément dans l’évidence que la solution dépasse largement le champ des contingences du politique stricto sensu.

Dépourvue de religion identitaire, à la différence de l’Inde, du Japon ou de la Chine, l’Europe va devoir retrouver ce qui la singularise en renouant avec sa plus longue mémoire. Une mémoire amenée à former les bases d’une mystique identitaire apte à produire un imaginaire collectif opérant face aux nouveaux enjeux de la modernité. Les Européens vont devoir se réarmer moralement s’ils ne veulent pas tomber en servitude. A cet égard, il nous donne l’exemple du renouveau hindouiste actuel en Inde, amorcé grâce à la création par Nagpur en 1925 d’un mouvement identitaire à vocation plus culturelle et spirituelle que politique.

Sur ce chemin qui remonte dans notre plus longue mémoire, Dominique Venner nous indique des pistes. Il nous renvoie d’abord à son ouvrage « Histoire et Tradition des Européens : 30 000 ans d'identité » et évoque ensuite une « histoire européenne des comportements [pouvant] être décrite comme le cours d’une rivière souterraine invisible et pourtant réelle. » Pour lui, cette rivière qui coule en nous, souvent à notre insu, prend sa source dans la Grèce antique en général et dans l’œuvre fondatrice d’Homère en particulier. Dans l’Iliade et l’Odyssée, qu’il qualifie de « mémoire des origines », il est possible de retrouver tout l’imaginaire européen dans sa substance la plus parfaite. Notre vision du monde, notre rapport à la nature, au vivant, à la mort, notre cœur aventureux, notre façon d’enchanter les éléments et de sublimer nos sentiments, cette relation entre les hommes et les femmes sur un pied d’égalité, tout est là sous nos yeux, écrit il y a presque 3 000 ans déjà.

Venner nous avise toutefois à ne pas confondre tradition et folklore. La vraie tradition consiste à entreprendre des choses neuves dans le même esprit que celui des anciens. Alors que le folklore, c’est justement l’inverse. En exemple, il nous donne des figures contemporaines d’Européens, sur lesquelles, selon lui,  l’esprit de la tradition a indéniablement soufflé. Parmi ceux-ci, il s’attarde longuement sur le cas du colonel Claus von Stauffenberg. Cet officier qui incarna la fidélité à la tradition aristocratique allemande fut l’instigateur décisif de l’attentat manqué contre Hitler.

En conclusion, nous citerons cette phrase de Dominique Venner : « ce n’est pas rien de se savoir fils et filles d’Homère, d’Ulysse  et de Pénélope. »

 

Livres de Dominique Venner (NDLR) :

Le Choc de l'Histoire, Dominique Venner, Editions Via Romana, 185 pages, 2011, 20,00 € (cliquez ici)

Le Siècle de 1914, Dominique Venner, Editions Pygmalion, 408 pages, 2006, 22,50 € (cliquez là)

Histoire et tradition des Européens : 30 000 ans d'identité, Éditions du Rocher, Monaco et Paris, 2002, 273 pages, 17,50 € (cliquez là)

 

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vendredi, 16 septembre 2011

The Yogi & the Commissar

Dominique VENNER:

The Yogi & the Commissar

Translated by M. P.

Ex: http://www.counter-currents.com/

yogicomm.jpgArthur Koestler, the author of Le zéro et l’infini (in English, Darkness at Noon [2]), once played an important role in the Spanish Civil War as an agent of the Comintern. Through his writings, he set the tone of an anti-Francoist propaganda that has endured. Later, his deceptions made him an acute critic of Stalinism.

In the summer of 1942, he published a text that marked his rupture: Le yogi et le commissaire (The Yogi and the Commissar [3]). Two theories, he wrote, claim to liberate the world from the evils that overwhelm it.

The first, that of the commissar (communist), advocates transformation from without. It professes that all the evils of humanity, including constipation, can and must be cured by revolution , that is to say by the reorganization of the system of production.

On the other side, the theory of the yogi holds that salvation is only from within, and that only the spiritual effort of the individual, his eyes on the stars, can save the world.

But history, Koestler concluded, had established the bankruptcy of the two theories. The first had led to the worst massacres and the second led to the passive toleration of everything. It is well-argued and totally depressing.

But I do have a reservation. Why is it even necessary to “save” the world? And to save it from what, exactly? The answer is in the old idea of the Fall and in the more recent idea of Progress. Both imply the idea of salvation. If the opposed ideas of the yogi and the commissar had made so many converts in the West in the twentieth century, it is because people had long been in the habit of thinking of life in terms of redemption or of emancipation.

It has not always been so. Ancient Greece, for example, had a wholly different approach, quite close to that of traditional Japan. No intention of changing the world, but the will to construct and to lead one’s life in pursuit of excellence. It was a form of real spirituality in immanence, but they did not know that.

It had its source in the work of Homer, whom Plato called “the educator of Greece.” Homer had expressed an ethical ideal, that of the kalos k’agathos, the handsome and noble man, an aristocratic ideal adopted by all Greeks in the classical era. But this ideal was never regarded as a spirituality. On the contrary, the philosophers had often denigrated it by insisting that only their speculations led to wisdom.

In spite of everything, however, this ideal has not ceased to nourish an essential part of the noblest European behavior, but never in an explicit fashion. Largely due to a complete misinterpretation of the idea of spirituality.

It is necessary to understand that spirituality is distinct from the mystiques of the void. It is independent of the supernatural. It is what rises above brute materiality and utility, giving a superior meaning to what it touches. Sexual urges belong to materiality, while love is spirituality. There is a legitimate desire for remuneration, but if beyond that, work is pursued solely for profit, it partakes in materialism, whereas it arises from spirituality if its goal is accomplishment.

In other words, what matters is not what one does, but how one does it. To aim at excellence in a gratuitous fashion, for the beauty that it bears and founds, is the European form of spirituality, whether it is a matter of a housewife decorating her home, the self-disipline of a soldier, or the training of a horse.

These reflections may seem frivolous in the face of the great historical stakes of our times. But in reality, they are largely controlled by spirituality and its opposite. Unlike animals, men are not programmed by instinct. Their behavior depends on moral, religious, or ideological — thus spiritual — representations.

For want of having been formulated, recognized, and claimed, the authentic European spirituality is unknown. And the more one advances into the era of triumphant technique, the more it is masked by a suffocating materialism. Whence the illusory attraction for Eastern spiritualities, the “yogi” as Koestler said. To be reborn, however, Europeans will wash off the stains of our time neither on the banks of the Ganges nor in Tibet that but from wellsprings our own.

Source: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2011/09/07/le-yogi-et-le-commissaire.html [4]


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

jeudi, 15 septembre 2011

L'imprévu dans l'histoire

Le dossier de La Nouvelle Revue d’Histoire (NRH) N°56 de septembre-octobre 2011 est consacré à “L’imprévu dans l’histoire” .

Les autres articles  :

Editorial
L’imprévu, la Chine et l’occasion favorable

Portrait
Entretien avec Pascal Gauchon : l’enseignement, l’histoire et la géoéconomie

Découvertes :

Les sources historiques de Tintin
Tibère, l’empereur calomnié
La reine Victoria
France et Allemagne : économies comparées
Husseïn d’Egypte, un sultan francophile
Jeu, contrôlez vos connaissances – La Reine Victoria et son temps
Georges Valois : du Faisceau à la Résistance
Les métamorphoses du conservatisme américain
L’ébranlement de la puissance américaine
Malaparte, l’écrivain
Le choc de l’histoire, entretien avec Dominique Venner

16:51 Publié dans Nouvelle Droite, Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, dominique venner, nouvelle droite, revue | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 11 septembre 2011

"Le choc de l'histoire" de Dominique Venner

« Le choc de l'histoire » de Dominique Venner : un livre lumineux

Ex: http://www.polemia.com/

 

Après Histoire et tradition des Européens, 30.000 ans d'identité et Le siècle de 1914, Utopie, guerres et révolutions en Europe au XXe siècle, Dominique Venner publie un nouveau livre majeur : Le choc de l’histoire : religion, mémoire, identité. « Français d’Europe, Européen de langue française d’ascendance celtique et germanique », Dominique Venner y fait preuve « d’optimisme historique ». Aujourd’hui en « dormition », les nations de civilisation européenne se réveilleront. Fruit d’une profonde méditation en forme de testament intellectuel, Le choc de l’histoire est un livre lumineux que Jean-Yves Le Gallou présente ici aux lecteurs de Polémia.

1- L’Europe en dormition

A la suite de la catastrophe européenne des deux grandes guerres, l’Europe est entrée en dormition en 1945. Elle recule sur tous les plans. Elle est soumise à la puissance américaine. Elle est culpabilisée sous les prétextes de la « Shoah », de la colonisation et de l’esclavage. « Le monde blanc est en recul général ». Les nations européennes se sont vues imposées « la domination sans partage de puissances et d’idéologies étrangères, dont la pseudo-Union européenne est le produit. » Sous couvert de libéralisme le pouvoir est aux mains « d’oligarchies prédatrices associées aux médias ». De plus – et à la différence de l’Inde, du Japon ou de la Chine - « l’Europe n’a pas de religion identitaire ». Car pour l’auteur, si le christianisme porte une part de l’héritage européen, il est universel : et l’universalisme qui fut un atout de l’Europe au temps de sa puissance se retourne contre elle au moment où notre continent subit une immigration de masse.

2- Le cycle historique commencé en 1914 touche à son terme

Comment dans ces conditions être optimiste ? D’abord parce que le cycle historique commencé en 1914 arrive à son terme. En 1917, sur les ruines de l’ordre ancien aristocratique, quatre idéologies sont nées et ont prospéré : le fascisme, le national-socialisme, le communisme et le mondialisme anglo-saxon. Le fascisme et le national socialisme ont disparu en 1945. Le communisme en 1989. Dans Le siècle de 1914 paru en 2006, Dominique Venner prédisait la chute du mondialisme anglo-saxon. Les crises financières à répétition et le désastre budgétaire américain ont confirmé depuis ce point de vue. On peut d’ailleurs se demander si Dominique Venner n’a pas eu tort de dater de 1989 (la chute du communisme) la fin du XXe siècle ; la date à retenir ne serait-ce pas plutôt 2007, le début de la fin de l’empire américain ?

3- La chute de l’Amérique va libérer les nations européennes

Quoiqu’il en soit, la chute de la domination américaine va libérer les nations européennes. Elle va affaiblir leurs oligarchies dominantes (économiques, médiatiques, politiques, culturelles) qui ne sont que le reflet des intérêts de Wall street, du Pentagone et de leurs alliés. Comme les dépêches de Wikileaks le révèlent, elle va permettre de s’affranchir d’un modèle économique technomorphe et marchand, trop réducteur pour être conforme à la mentalité européenne.

4- Face à l’immigration de masse, un réveil civilisationnel

Face à l’immigration de masse les réactions se font aussi jour : « des signes de réveil populaires apparaissent dans toute l’Europe occidentale montrant que les Européens commencent à retrouver une conscience de soi ». La vitalité des partis populistes, partout en Europe, en témoigne. Mais au-delà de cette analyse politique, Dominique Venner souligne à juste titre que l’opposition entre l’Europe et les masses musulmanes présentes sur son sol se cristallise sur le statut et l’image de la femme : pour une raison majeure, ce sont deux civilisations, deux représentations du monde qui s’affrontent. Or « Les grandes civilisations ne sont pas des régions sur une planète, ce sont des planètes différentes » (René Marchand, cité par l’auteur). La réaction à l’immigration ne relève pas d’une vulgaire xénophobie mais d’un réveil civilisationnel.

5 -  La mémoire identitaire : Homère et les humanités

Cet exemple aide à percevoir le rôle de la mémoire identitaire. La mémoire identitaire qui vient du fond des âges. Dominique Venner donne ici une très belle définition de la tradition. Ce n’est pas la nostalgie, « c’est tout le contraire, ce n’est pas le passé, c’est même ce qui ne passe pas. Elle nous vient du plus loin mais elle est toujours actuelle. Elle est notre boussole intérieure, l’étalon des normes qui nous conviennent et qui ont survécu à tout ce qui a été fait pour nous changer » (…) « L’histoire européenne des comportements pourrait être décrite comme le cours d’une rivière souterraine invisible et pourtant réelle. La rivière souterraine de la tradition ». Et Dominique Venner de revenir sur un de ses sujets de préoccupation : « l’Europe n’a pas de religion identitaire » [puisque le christianisme est universel] mais elle possède une « riche mémoire identitaire ». Pour Dominique Venner la cité grecque et Homère en sont le cœur : Homère qui « nous a légués nos principes de vie : la nature comme socle, l’excellence comme but, la beauté comme horizon ». Sans doute certains pourront-ils être tentés d’élargir ce point de vue à ce que furent les humanités classiques, modèle de l’honnête homme européen de 1500 à 1960.

6 - Revisiter l’héritage : monde prométhéen, monde apollinien

Dominique Venner ne nie pas la part de responsabilité de l’Occident dans la domination arrogante du machinisme, de la technique, du commerce ; dans le triomphe de ce que Heidegger appelle le « Gestell », la raison utilitaire. Ce qu’un autre philosophe de l’histoire Spengler appelait la part prométhéenne, la part faustienne de la civilisation européenne. Dominique Venner appelle lui à réhabiliter la part apollinienne de la civilisation européenne qui est caractérisée par l'ordre, la mesure, la maîtrise de soi. Il est aussi permis de penser à Orphée à qui précisément Apollon donna des dons de communion avec la nature. Communion avec la nature que l’auteur évoque en se définissant ainsi : « Je suis du pays de l’arbre et de la Forêt, du chêne et des sangliers, de la vigne et des toits pentus, des chansons de geste et des contes de fée, du solstice d’hiver et de la Saint Jean d’été ».

7- Le cœur rebelle et la bataille des mots

Loin de ces perspectives bucoliques, Dominique Venner n’oublie pas ses engagements de jeunesse dans le combat français sur l’Algérie ; engagement qui lui coûta dix-huit mois de prison en échange… d’une formation historique vécue. Cela vaut au lecteur de beaux passages sur Le cœur rebelle, titre d’un ouvrage paru en 1994. Car le cœur doit être « aventureux » pour se libérer du conformisme du politiquement correct et de la persuasion clandestine de la pub : « Le cœur aventureux se reconnaît à ce qu’il tire son plaisir de ce qui pour les autres serait un enfer ». Comment ne pas penser à la diabolisation et à son parfum capiteux. Autre définition, celle qu’on trouve dans Le Hussard sur le toit de Giono ; « Sois toujours très imprudent, mon petit, c’est la seule façon d’avoir un peu de plaisir à vivre dans notre époque de manufacture. » Dominique Venner souligne ici l’importance du courage moral (très différent du courage physique comme le comportement des militaires en est souvent l’illustration). Un courage moral qui doit être utilisé pour « se libérer de la peur ou de la fascination des mots ». Car le retour sur le devant de l’histoire des nations européennes passe aussi par la bataille du vocabulaire.

8- Le réveil européen : l’inattendu qui vient

Il n’y a pas de nécessité ni de déterminisme historiques. Les uchronies auraient pu survenir. L’effet papillon existe aussi en histoire. Celle-ci est le domaine de « l’inattendu ».Telle est la conviction de Dominique Venner : « Le monde est entré dans une nouvelle histoire où l’imprévu historique retrouve ses droits. Ce qui bouge ne peut-être que favorable à un réveil européen par ébranlement de la puissance suzeraine que sont les Etats-Unis. (…) « Je crois aux qualités spécifiques des Européens qui sont provisoirement en dimension. Je crois à leur individualité agissante, à leur inventivité et au réveil de leur énergie. Le réveil viendra. Quand ? Je l’ignore. Mais de ce réveil je ne doute pas. » N’oublions pas que « les réveils historiques sont toujours très lents, mais une fois commencés, on ne les arrête plus ».

9 - Le sang et l’esprit

Et en attendant que faut-il faire ? Transmette ! Transmette la vie, transmettre la culture. Génétique et mémétique. Le sang et l’esprit. L’avenir appartient à ceux qui ont la mémoire la plus longue !

Jean-Yves Le Gallou
5/09/2011

Dominique Venner, (entretien avec Pauline Lecomte) Le choc de l’histoire : Religion, mémoire, identité, Editions Via Romana, sortie 10 septembre 2011, 185 pages.

jeudi, 08 septembre 2011

Le Yogi et le commissaire

Ex : http://zentropa.splinder.com/post/25473109/le-yogi-et-le-commissaire

Le yogi et le commissaire

yogi.jpgFutur auteur de Le zéro et l’infini, Arthur Koestler avait joué un rôle important dans la guerre d’Espagne comme agent du Komintern. Par ses écrits, il avait donné le ton d’une propagande antifranquiste qui a perduré. Plus tard, ses déceptions firent de lui un critique acéré du stalinisme. À l’été 1942, il publia un texte qui marquait sa rupture : Le yogi et le commissaire. Deux théories, écrivait-il, prétendent libérer le monde des maux qui l’accablent. La première, celle du commissaire (communiste) prône la transformation par l’extérieur. Elle professe que tous les maux de l’humanité, y compris la constipation, peuvent et doivent être guéris par la révolution, c’est-à-dire par la réorganisation du système de production. À l’opposé, la théorie du yogi pense qu’il n’y a de salut qu’intérieur et que seul l’effort spirituel de l’individu, les yeux sur les étoiles, peut sauver le monde. Mais l’histoire, concluait Koestler, avait consacré la faillite des deux théories. La première avait débouché sur les pires massacres de masse et la seconde conduisait à tout supporter passivement. C’était assez bien vu et totalement désespérant.

C’était bien vu à une réserve près. Pourquoi fallait-il donc « sauver » le monde ? Et le sauver de quoi au juste ? La réponse était dans la vieille idée de la Chute et dans celle, plus récente, du Progrès. L’une et l’autre impliquaient l’idée de salvation. Si les théories opposées du yogi et du commissaire avaient fait tant d’adeptes au XXe siècle en Occident, c’est qu’on avait pris l’habitude depuis longtemps de penser la vie en termes de rédemption ou d’émancipation.

Il n’en avait pas toujours été ainsi. La Grèce antique, par exemple, avait une approche toute différente, assez voisine de celle du Japon traditionnel. Nulle intention de changer le monde, mais la volonté de construire et de conduire sa vie en visant l’excellence. C’était une forme de spiritualité vécue dans l’immanence, mais on ne le savait pas. Elle avait sa source dans l’œuvre d’Homère que Platon appelait « l’éducateur de la Grèce ». Homère avait exprimé un idéal éthique, celui du kalos kagathos, l’homme beau et noble. Idéal aristocratique qui devint celui de tous les Grecs à l’époque classique. Seulement, cet idéal n’a jamais été regardé comme une spiritualité. Au contraire, les philosophes l’ont souvent dénigré en laissant entendre que seules leurs spéculations conduisaient à la sagesse.

En dépit de tout, pourtant, cet idéal n’a pas cessé d’irriguer une part essentielle du comportement européen le plus noble, mais jamais de façon explicite. Lacune due notamment à un parfait contresens sur l’idée de spiritualité.

Il faut comprendre que la spiritualité ne se confond pas avec les mystiques du vide. Elle est indépendante du surnaturel. Elle est ce qui élève au-dessus de la matérialité brute et de l’utilitaire, donnant un sens supérieur à ce qu’elle touche. Les pulsions sexuelles appartiennent à la matérialité, tandis que l’amour est spiritualité. Le travail, au-delà du désir légitime de rémunération, s’il a le gain pour seule finalité, patauge dans le matérialisme, alors que, vécu comme accomplissement, il relève de la spiritualité. Autrement dit, ce qui importe n’est pas ce que l’on fait, mais comment on le fait. Viser l’excellence de façon gratuite, pour la beauté qu’elle apporte et qu’elle fonde, est la forme européenne de la spiritualité, qu’il s’agisse de l’embellissement de la demeure par la maîtresse de maison, de l’abnégation du soldat ou du dressage équestre.

Ces réflexions peuvent sembler futiles face aux grands enjeux historiques de notre temps. En réalité, la spiritualité et son contraire commandent largement ces derniers. À la différence des animaux, les hommes ne sont pas programmés par l’instinct. Leur comportement dépend de leurs représentations morales, religieuses ou idéologiques, donc spirituelles.

Faute d’avoir été formulée, reconnue et revendiquée, l’authentique spiritualité européenne est ignorée. Et plus on avance dans l’ère de la technique triomphante, plus elle est masquée par un matérialisme étouffant. D’où l’attrait illusoire pour les spiritualités orientales, le « yogi » comme disait Koestler. Pour renaître, ce n’est pourtant ni sur les bord du Gange ni au Tibet que les Européens se laveront des souillures de l’époque, mais à leurs propres sources.

► Dominique Venner.

 

dimanche, 14 août 2011

Can History Adress the Problems of the Future?

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Can History Address the Problems of the Future?

Dominique VENNER

Ex: http://www.counter-currents.com./

Translated by Greg Johnson

Men have always felt the need to peer into the future. The Greeks asked the Pythia of Delphi. The obscurity of the oracle’s pronouncements lent them to multiple interpretations. Bowing to custom, Alexander consulted her before undertaking the conquest of Asia. As she was slow to return to her tripod, the impatient Macedonian dragged her there by force. She exclaimed: “One cannot resist you . . .” Having heard these words, Alexander let her go, saying: “This prediction is enough for me.” He was a sage.

Every age has its prophets, soothsayers, haruspices, astrologers, palmists, futurologists, and other charlatans. Today we use computers. Then, they used mediums. Catherine de Medici consulted Nostradamus. Cromwell listened to William Lily. Stalin questioned Wolf Messing. Hitler questioned Eric Hanussen. Briand and Poincaré shared the talents of Mrs. Fraya . . . The destiny of an individual, however, is one thing; the destiny of a civilization is another.

Preceded by the optimism inherited from the Enlightenment, the 20th century began with promises of a glowing future, in the certitude that science and knowledge led to progress and wisdom. were progress factors and of wisdom.  Man would truly become, “Master and possessor of nature” and acquire self-mastery too. After the victory over things, peace and harmony between the men would establish themselves.

 [2]The pitiless 20th century shattered these illusions. Nobody, or almost nobody, had foreseen the catastrophic consequences of the murder in Sarajevo in the Summer of 1914. All the belligerents expected a short, fresh, happy war. It was interminable, terrible, and deadly as never before. It was the unforeseen gift of industrial progress and mass democracy to mankind—two new factors that had transformed the very nature of war. Beginning as a traditional conflict between States, it finished as an ideological crusade, dragging down the old European order, incarnated by the three great empires of the Center and the East. And the butchery of Europe and the conditions imposed on the vanquished after 1919 carried the germ of another more catastrophic war.

At the dawn of a new century and a new millennium, the illusions of progress have been partly dissipated, so much so that one hears about “fatal progress” or “economic horror.” Marxism and its certitudes foundered in the collapse of the system to which it had given birth. The optimism of yore often yields to a kind of overpowering pessimism, nourished by anxiety over a future we have every reason to fear. One turns to History to ask for answers.

But the interpretation of History escapes neither fashion nor reigning ideas. Thus one always needs strength of mind and character to free oneself from the weight of one’s own time. With a little drive, any curious, free, and cultivated spirit can grasp the unforeseeable character of History, which the last hundred years of facts make unavoidably clear, and see through the deterministic theories resulting from the Hegelian vision.

On January 22nd, 1917, a Lenin who was almost unknown and permanently exiled, spoke before a circle of socialist students: “We old men,” he said of himself, “will perhaps never see the decisive battles of the Revolution . . .” Seven weeks later, Tsarism was overthrown, and Lenin and the Bolsheviks had nothing to do with it. The “decisive battles” in which he no longer believed were commencing, to the misfortune of Russia and the whole world. I know few anecdotes so revealing of the difficulty of historical forecasts. This one is in a class by itself.

 [3]During the academic year 1975–1976, Raymond Aron, one of the most perspicacious minds of our time, gave a course at the Collège de France on “The Decline of the West,” which was already a whole curriculum. Here is his conclusion: “the decline of the United States of 1945 to 1975 rose from irresistible forces.” Let us note the word “irresistible.” In his Memories, published the year of his death, in 1983, Aron returned to this reflection and amplified it: “What I have observed since 1975 was the threat of disintegration of the American imperial zone . . .” To those who live under the shadow of the American world imperium, this analysis makes one question the author’s lucidity. And yet, he never doubted himself. Our astonishment is due to the fact that History galloped on unbeknownst to us, showing us a world today that is very different from what it was twenty years earlier, which nobody had foreseen.

By no means do I suggest ignoring the threats looming on our horizon: devouring globalization, demographic explosions, massive immigration, the pollution of nature, genetic engineering, etc. During an age of anxiety, it is healthy to repel happy illusions; it is salubrious to practice the virtues of active pessimism, those of Thucydides or Machiavelli. But it is just as necessary to reject the kind of pessimism that turns into fatalism.

The first error regarding future threats would be to regard them as inescapable. History is not the domain of fate but of the unforeseen. A second error would be to imagine the future as a prolongation of the present.  If anything is certain, it is that the future will be different from how one imagines it today. A third error would be to lose hope in intelligence, imagination, will, and finally ourselves.

Source: Le Figaro, January 19th, 2000

Online: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2011/08/02/l-histoire-repond-elle-aux-problemes-de-l-avenir.html [4]


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2011/08/can-history-address-the-problems-of-the-future/

lundi, 08 août 2011

L'histoire répond-elle aux problèmes de l'avenir?

L’Histoire répond-elle aux problèmes de l’avenir ?

Ex: http://scorpionwind.hautetfort.com/



Par Dominique Venner (historien)

Toujours les hommes ont éprouvé le besoin de scruter l‘avenir. Les Grecs interrogeaient la pythie de Delphes. Elle savait rendre des oracles dont l’obscurité se prêtait à de multiples interprétations. Se pliant à l’usage, Alexandre vint la consulter avant d’entreprendre la conquête de l’Asie. Comme elle tardait à rejoindre son trépied, l’impatient Macédonien l’y traîna de force. Elle s‘exclama : « On ne peut te résister…» Ayant entendu ces mots, Alexandre la laissa choir, disant : « Cette prédiction me suffit. » C’était un sage.

Chaque époque eut ses prophètes, devins, haruspices, astrologues, chiromanciens, futurologues et autres charlatans. Autrefois, on faisait tourner des tables, aujourd’hui les ordinateurs. Catherine de Médicis s’en rapportait à Nostradamus. Cromwell écoutait William Lily. Staline interrogeait Wolf Messing. Hitler questionnait Eric Hanussen. Briand et Poincaré se partageaient les talents de Mme Fraya… Une chose cependant, est le destin individuel, une autre celui des civilisations.

Précédé par l’optimisme hérité des Lumières, le XXème siècle s‘était ouvert sur les promesses d’un avenir radieux, dans la certitude que la science et le savoir étaient des facteurs de progrès et de sagesse. L’homme devenu vraiment «maître et possesseur de la nature», allait acquérir la maîtrise de lui-même. Après la victoire sur les choses, la paix et l’entente entre les hommes s’établiraient d’elles-mêmes.

L’impitoyable XXème siècle a démenti ces illusions. Personne ou presque n’avait vu venir la catastrophe sortie du meurtre de Sarajevo à l’été 1914. Chez tous les belligérants, on croyait à une guerre courte, fraîche et joyeuse. Elle fut interminable, épouvantable et meurtrière comme jamais. C’était le cadeau imprévu fait aux hommes par le progrès industriel et la démocratie de masse, deux facteurs nouveaux qui avait transformé la nature même de la guerre. Commencée comme un conflit classique entre les Etats, elle finit en croisade idéologique, entraînant la destruction de l’ancien ordre européen, incarné par les trois grands empires du Centre et de l’Est. On sait que le charcutage de l’Europe et les conditions imposées aux vaincus après 1919 portaient le germe d’une autre guerre plus catastrophique encore.

A l’aube d’un nouveau siècle et d’un nouveau millénaire, les illusions du progrès se sont en partie dissipées, au point que l’on entend parler de «progrès meurtrier» ou «d’horreur économique». Le marxisme et ce qu’il charriait de certitudes se sont effrondés dans la débâcle du système qu’il avait enfanté. L’optimisme d’hier cède souvent devant une sorte de pessimisme accablé, nourri par l’inquiétude d’un avenir à biens des égards angoissant. On se tourne vers l’Histoire pour lui demander des réponses.

Mais l’interprétation de l’Histoire n’échappe ni aux modes ni aux idées dominantes. Un effort de l’intelligence et du caractère est donc toujours requis pour s’affranchir des pesanteurs de son époque. Avec un peu d’entraînement, tout esprit curieux, libre et cultivé peut y parvenir. A ne prendre que les cent dernières années les faits ne manquent pas, qui soulignent par exemple le caractère imprévisible de l’Histoire, n’en déplaisent aux théories déterministes issues de la vision hégélienne.

Le 22 janvier 1917, un Lénine quasi inconnu et toujours exilé, prit la parole devant le cercle des étudiants socialistes : « Nous, les vieux, dit-il en parlant de lui, nous ne verrons peut-être jamais les batailles décisives de la Révolution… » Sept semaines plus tard, le tsarisme était renversé sans que Lénine et les bolchéviks n’y fussent pour rien. Les « batailles décisives » aux quelles il ne croyait plus allaient commencer, pour le malheur de la Russie et du monde entier. Je connais peu d’anecdotes aussi révélatrices de la difficulté des prévisions historiques. Mais il en est d’autres dans un registre différent.

Durant l’année universitaire 1975-1976, Raymond Aron, l’un des esprits les plus perspicaces de sont temps, donna un cours au Collège de France sur « La Décadence de l’Occident », ce qui était déjà tout un programme. Voici sa conclusion : « l’abaissement des Etats-Unis de 1945 à 1975 découlait de forces irrésistibles ». Retenons « irrésistibles ». Dans ses Mémoires, publiées l’année de sa mort, en 1983, Aron revenait sur cette réflexion en l’amplifiant : « Ce que j’observais dès 1975, c’était la menace de désagrégation de la zone impériale américaine…» A nous qui vivons sous l’ombre portée de l’imperium mondial américain, cette analyse ferait douter de la lucidité de l’auteur. Et pourtant, celle-ci n’a jamais été mise en doute. Notre étonnement vient du fait que l’Histoire a galopé à notre insu, nous montrant aujourd’hui un monde très différent de ce qu’il était vingt ans plus tôt, ce que personne n’avait prévu.

Je ne suggère nullement d’ignorer les menaces inscrites à notre horizon : mondialisation dévorante, gonflement démographique, immigrations massives, pollution de la nature, manipulations génétiques, etc. Dans une période inquiétante il est sain de repousser les illusion béates, il est salubre de pratiquer les vertus du pessimisme actif, celui de Thucydide ou de Machiavel. Mais il est tout aussi nécessaire de rejeter la forme de pessimisme qui pousse au fatalisme. Devant les menaces du futur, une première erreur serait de les considérer comme inéluctables. L’Histoire n’est pas le domaine de la fatalité mais celui de l’imprévu. Une deuxième erreur serait d’imaginer l’avenir en prolongement du présent. S’il est une certitude, c’est que l’avenir sera différent de ce qu’on l’imagine aujourd’hui. Une troisième erreur serait de désespérer de l’intelligence, de l’imagination, de la volonté, et finalement de nous-mêmes.

source : Le Figaro du 19 janvier 2000

 

dimanche, 22 mai 2011

François Mitterrand & the French Mystery

François Mitterrand & the French Mystery

Dominique Venner

Ex: http://www.counter-currents.com/

Translated by Greg Johnson

Mitterrand107.jpgIn the center of all the questions raised by the sinuous and contradictory path of François Mitterrand is the famous photograph of the interview granted to a young unknown, the future socialist president of the Republic, by Marshall Philippe Pétain in Vichy, on October 15th, 1942.

This document was known to some initiates, but it was verified by the interested party only in 1994, when he saw that his life was ending. Thirty years earlier, the day before the presidential election of 1965, the then Minister of the Interior, Roger Frey, had received a copy of it. He demanded an investigation which went back to a former local head of the prisoners’ association, to which François Mitterrand belonged. Present at the time of the famous interview, he had several negatives. In agreement with General de Gaulle, Roger Frey decided not to make them public.

Another member of the same movement of prisoners, Jean-Albert Roussel, also had a print. It is he who gave the copy to Pierre Péan for the cover of his book Une jeunesse française (A French youth), published by Fayard in September 1994 with the endorsement of the president.

Why did Mitterrand suddenly decide to make public his enthusiastic Pétainism in 1942–1943, which he had denied and dissimulated up to that point? It is not a trivial question.

Under the Fourth Republic, in December 1954, from the platform of the National Assembly, Raymond Dronne, former captain of the 2nd DB, now a Gaullist deputy, had challenged François Mitterrand, then Minister of the Interior: “I do not reproach you for having successively worn the fleur de lys and the francisque d’honneur [honors created by the Third Republic and Marhsall Pétain’s French State respectively – Trans.] . . .” “All that is false,” retorted Mitterrand. But Dronne replied without obtaining a response: “All that is true, and you know very well . . .”

The same subject was tackled again in the National Assembly, on February 1st, 1984, in the middle of a debate on freedom of the press. We were now under the Fifth Republic and François Mitterrand was the president. Three deputies of the opposition put a question. Since the past of Mr. Hersant (owner of Figaro) during the war had been discussed, why not speak about that of Mr. Mitterrand? The question was judged sacrilege. The socialist majority was indignant, and its president, Pierre Joxe, believed that the president of the Republic had been insulted. The three deputies were sanctioned, while Mr. Joxe declared loud and clear Mr. Mitterrand’s role in the Résistance.

This role is not contestable and is not disputed. But, according to the concrete legend imposed after 1945, a résistant past is incompatible with a Pétainist past. And then at the end of his life, Mr. Mitterrand suddenly decided to break with the official lie that he had endorsed. Why?

To be precise, before slowly becoming a résistant, Mr. Mitterrand had first been an enthusiastic Pétainist, like millions of French. First in his prison camp, then after his escape, in 1942, in Vichy where he was employed by the Légion des combattants, a large, inert society of war veterans. As Mitterrand found this Pétainisme too soft, he sought out some “pure and hard” (and very anti-German) Pétainists like Gabriel Jeantet, an old member of the Cagoule [the right-wing movement of the late 1930s dedicated to overthrowing the Third Republic – Trans.], chargé in the cabinet of the Marshal, one of his future patrons in the Ordre de la francisque.

On April 22nd, 1942, Mitterrand wrote to one his correspondents: “How will we manage to get France on her feet? For me, I believe only in this: the union of men linked by a common faith. It is the error of the Legion to have taken in masses whose only bond was chance: the fact of having fought does not create solidarity. Something along the lines of the SOL,[1] carefully selected and bound together by an oath based on the same core convictions. We need to organize a militia in France that would allow us to await the end of the German-Russian war without fear of its consequences . . .” This is a good summary of the muscular Pétainism of his time. Quite naturally, in the course of events — in particular after the American landing in North Africa of November 8th, 1942 — Mitterand’s Pétainism evolved into resistance.

The famous photograph published by Péan with the agreement of the president caused a political and media storm. On September 12th, 1994, the president, sapped by his cancer, had to explain himself on television under the somber gaze of Jean-Pierre Elkabbach. But against all expectation, the solitude of the accused, as well as his obvious physical distress, made the interrogation seem unjust, causing a feeling of sympathy: “Why are they picking on him?” It was an important factor that reconciled the French to their president. It was not an endorsement of a politician’s career. It was Mitterrand the man who had suddenly became interesting. He had acquired an unexpected depth, a tragic history that stirred an echo in the secret of the French mystery.

Note

1. The SOL (Service d’ordre légionnaire) was constituted in 1941 by Joseph Darnand, a former member of the Cagoule and hero of the two World Wars. This formation, by no means collaborationist, was made official on January 12th, 1942. In the new context of the civil war which is then spread, the SOL was transformed into the French Militia on January 31st, 1943. See the Nouvelle Revue d’Histoire, no. 47, p. 30, and my Histoire de la Collaboration (History of collaboration) (Pygmalion, 2002).

Source: http://www.dominiquevenner.fr/#/edito-nrh-54-mitterrand/3845286 [3]


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2011/05/francois-mitterrand-and-the-french-mystery/

lundi, 16 mai 2011

Mitterrand et le mystère français

 

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Mitterrand et le mystère français

par Dominique VENNER

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com/

Au centre de toutes les interrogations que soulève l’itinéraire sinueux et contradictoire de François Mitterrand, sujet de notre dossier, figure en première place la photo devenue fameuse de l’entrevue accordée à un jeune inconnu, futur président socialiste de la République, par le maréchal Pétain, à Vichy, le 15 octobre 1942.

Ce document était connu de quelques initiés, mais il n’a été cautionné par l’intéressé qu’en 1994, alors qu’il voyait venir la fin de sa vie. Trente ans plus tôt, à la veille de l’élection présidentielle de 1965, le ministre de l’Intérieur du moment, Roger Frey, en avait reçu un exemplaire. Il demanda une enquête qui remonta jusqu’à un ancien responsable local de l’association des prisonniers, dont faisait partie François Mitterrand. Présent lors de la fameuse entrevue, il en possédait plusieurs clichés. En accord avec le général De Gaulle, Roger Frey décida de ne pas les rendre publics.

Un autre membre du même mouvement de prisonniers, Jean-Albert Roussel, en possédait également un tirage. C’est lui qui donna à Pierre Péan le cliché qui fit la couverture de son livre, Une jeunesse française, publié par Fayard en septembre 1994 avec l’aval du président.
Pourquoi, Mitterrand a-t-il soudain décidé de rendre public son pétainisme fervent des années 1942-1943, qu’il avait nié et dissimulé jusque-là ? Ce n’est pas une question anodine.

Sous la IVe République, en décembre 1954, à la tribune de l’Assemblée nationale, Raymond Dronne, ancien capitaine de la 2e DB, devenu député gaulliste, avait interpelé François Mitterrand, alors ministre de l’Intérieur : « Je ne vous reproche pas d’avoir arboré successivement la fleur de lys et la francisque d’honneur… » « Tout cela est faux », répliqua Mitterrand. Mais Dronne riposta sans obtenir de réponse : « Tout cela est vrai et vous le savez bien… »

 

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Le même sujet fut abordé de nouveau à l’Assemblée nationale, le 1er février 1984, en plein débat sur la liberté de la presse. On était maintenant sous la Ve République et François Mitterrand en était le président. Trois députés de l’opposition de l’époque posèrent une question. Puisque l’on parlait du passé de M. Hersant (propriétaire du Figaro) pendant la guerre, pourquoi ne parlerait-on pas de celui de M. Mitterrand ? La question fut jugée sacrilège. La majorité socialiste s’indigna et son président, Pierre Joxe, estima que le président de la République était insulté. Les trois députés furent sanctionnés, tandis que M. Joxe rappelait haut et fort le passé de résistant de M. Mitterrand.

Ce passé n’est pas contestable et pas contesté. Mais, au regard de la légende bétonnée imposée après 1945, ce passé de résistant était incompatible avec un passé pétainiste. Et voilà donc qu’à la fin de sa vie, M. Mitterrand décida soudain de rompre avec le mensonge officiel qu’il avait fait sien. Pourquoi ?
Pour être précis, avant de devenir peu à peu résistant, M. Mitterrand avait d’abord été un pétainiste fervent comme des millions de Français. D’abord dans son camp de prisonnier, puis après son évasion, en 1942, à Vichy où il fut employé par la Légion des combattants, grand rassemblement mollasson d’anciens combattants. Comme il trouvait ce pétainisme-là beaucoup trop endormi, il se lia à quelques pétainistes « purs et durs » (et très anti-allemands), tel Gabriel Jeantet, ancien cagoulard, chargé de mission au cabinet du Maréchal, l’un de ses futurs parrains dans l’ordre de la Francisque.

Le 22 avril 1942, il écrivait à l’un de ses correspondants : « Comment arriverons-nous à remettre la France sur pied ? Pour moi, je ne crois qu’à ceci : la réunion d’hommes unis par la même foi. C’est l’erreur de la Légion que d’avoir reçu des masses dont le seul lien était le hasard : le fait d’avoir combattu ne crée pas une solidarité. Je comprends davantage les SOL (1), soigneusement choisis et qu’un serment fondé sur les mêmes convictions du cœur lie. Il faudrait qu’en France on puisse organiser des milices qui nous permettraient d’attendre la fin de la lutte germano-russe sans crainte de ses conséquences… » C’est un bon résumé du pétainisme musclé de cette époque. Tout naturellement, au fil des événements, notamment après le débarquement américain en Afrique du Nord du 8 novembre 1942, ce pétainisme évolua vers la résistance.

La fameuse photo publiée par Péan avec l’accord du président provoqua un ouragan politique et médiatique. Le 12 septembre 1994, le président, miné par son cancer, dut s’expliquer à la télévision sous l’œil noir de Jean-Pierre Elkabbach. Mais contre toute attente, sa solitude d’accusé, doublée d’une détresse physique évidente, parut injustes, provoquant un élan de sympathie. L’interrogatoire d’Elkabbach avait suscité une réaction : « Mais pour qui se prend-il, celui-là ? » Ce fut un élément capital du rapprochement des Français avec leur président. Non que le bilan politique du personnage ait été approuvé. Mais l’homme, soudain, était devenait intéressant. Il avait acquis une épaisseur inattendue, celle d’une histoire tragique qui éveillait un écho dans le secret du mystère français.

Dominique Venner (La Nouvelle Revue d'Histoire, mai-juin 2011)

 

Note

(1). Le SOL (Service d’ordre légionnaire) fut constitué en 1941 par Joseph Darnand, ancien cagoulard et héros des deux guerres. Cette formation nullement collaborationniste fut officialisée le 12 janvier 1942. Dans le contexte nouveau de la guerre civile qui se déploie alors, le SOL sera transformé en Milice française le 31 janvier 1943. On se reportera à La NRH n° 47, p. 30 et à mon Histoire de la Collaboration, Pygmalion, 2002.

samedi, 14 mai 2011

D. Venner's "Le siècle de 1914"

Foundations of the Twenty-First Century: Dominique Venner's Le Siècle de 1914.

by Michael O'Meara

Ex: http://www.wermodandwermod.com/ 

A White Nationalist Reading of . . .

Dominique Venner
Le Siècle de 1914: Utopies, guerres et révolutions en Europe au XXe siècle
Paris: Pygmalion, 2006

“To recreate a new aristocracy is the eternal task of every revolutionary project.” –Guillaume Faye

At the beginning of twentieth century, peoples of European descent ruled the world. They made up a third of its population, occupied half its landmass, controlled Africa, India, Southeast Asia, and parts of coastal China; their industry and technology, along with their philosophy, science, and art, had no rival; the world was theirs and theirs alone.

A century later, all was changed: Peoples of European descent had fallen to less than 9 percent of the world’s population; their lands were everywhere inundated by non-Whites; their industry and technology outsourced to potential enemies; their state, social system, and media taken over by parasitic aliens; and, in the deepest demographic sense, they faced the not-too-distant prospect of biological extinction.

To understand this catastrophic inversion requires some understanding of the period responsible for it. We’re fortunate that after a lifetime studying its key movements, Dominique Venner, our greatest identitarian historian, has set out to chart its biopolitical contours.

Before the Deluge

As a historical (rather than a chronological) period, the twentieth century begins in 1914, with the onset of the First World War, whose devastating assault on European existence shook the continent in every one of its foundations, destroying not just its ancien régime, but ushering in what Ernst Nolte calls the “European Civil War” of 1917-45 or what some call the “Thirty Years War” of 1914-45. For amidst its storms of fire and steel, there emerged four rival ideologies — American liberalism, Russian Communism, Italian Fascism, and German National Socialism — each of whose ambition was to reshape the postwar order according to its own scheme for collective salvation. Our world, Venner argues, is a product of these contentious ambitions and of the ideological system — liberalism — that prevailed over its rivals.

Before the war of 1914 political ideologies lacked the “religious” fervor of their twentieth-century counterparts. Europe then was more than a geographic assortment of different peoples and states identified with different political creeds. It constituted a single biocivilization (a Race-Nation), whose ethnonational variants embodied alternative facets of the genetic-spiritual legacy bequeathed by the Greeks, the Aryans, and the Cro Magnons. Not a single great phenomenon experienced by any one European people, it followed, was not also experienced by the others: From the megalithic culture of the stone age, to medieval chivalry, to the rise of nationalism. In the modern period, the ties of blood and spirit linking the different European nations took institutional form in the Westphalian state system of 1648, which, with the exception of the revolutionary period (1789-1815), limited their numerous wars and conflicts to family disputes.

The greatest casualty of what contemporaries called the Great War would be the destruction of this system — and of the aristocratic elites who were its incarnation.

On the war’s eve, the aristocracy still represented that historic body whose function was to command, to fight, and to defend. In fact, in one form or another, it had always dominated European life — at least since the Aryans, that offshoot of the White race whose existence was premised on the rule of the “noble.” Though property-based and attached to the permanences of family, tradition, and rank, the pre-war aristocracy bore little resemblance to the decadent hereditary ruling class of liberal historiography. For Venner, it was, as an ideal type, an ever-renewing estate infused with the spirit of honor, duty, and loyalty to what was highest in White existence. As such, it typified its people’s essence, associating nobility with those who put their people’s interests before their own.

Except for republican France and Switzerland, all of Europe’s pre-war monarchical and imperial states were governed by aristocrats, whose Prussian spirit exalted simplicity, austerity, duty, and political incorruptibility. Against the leveling aspersions cast by liberals and democrats, Venner emphasizes the aristocracy’s dynamic, modernist, and genial character — opposed in essence to bourgeois democratic societies, which subordinate everyone to money (the realm of the Jews).

Cataclysm

No one in 1914 quite understood the type of the war they had gotten into. All the general staffs anticipated a short, decisive engagement like the “cabinet wars” of the eighteenth and ninteenth centuries — not realizing it might resemble the American War of Succession, whose closing stages anticipated the “Second-Generation War” of 1914 (a generation of war based on massed firepower, where “artillery conquers, infantry occupies”).

Though a traditional conflict between rival states at the start, by 1917, once the United States entered it, the war had been transformed not just into an industrial and social mobilization of unprecedented scope, but into an ideological crusade between democratic and authoritarian regimes. Worse, the democratic crusaders wouldn’t let the war end the way previous European wars had ended, when the jus publicum europaeum of the Westphalian system mitigated White strife and ensured the integrity of rival states. In the absence of this noble restraint, Europe was mutilated at its core: Nine million combatants were killed, the Hohenzollern, Hapsburg, and Romanov empires shattered, and an even greater hecatomb prepared for the next generation.

In the glow of this holocaust, Woodrow Wilson, the American champion of an anti-aristocratic, anti-European “democratism,” stepped upon the Old World’s stage to proclaim a new order based on liberal governance, free markets, and the egalitarian principle that the sovereign individual takes precedence over community, culture, history, and (in time) race — an order whose underlying principle rested on the rule of money — and, though Venner doesn’t say it, on money’s Chosen Ones.

The untenable Wilsonian settlement of 1918-19 collapsed soon enough, but it was hastened, in some cases provoked, by its ideological rivals. For Wilson’s plutocratic democracy did not go unopposed. In Russia, Communists proposed a more radically egalitarian version of his liberal utopia, a version whose methods differed from America’s market principles, but nevertheless upheld the same raceless materialist commitments born of Enlightenment liberalism. In Germany and Italy, a defensive Europeanism gave rise to more forthrightly anti-liberal ideologies to challenge the anti-Aryan or Jewish ethic of American capitalism and Russian Communism.

In this spirit, Mussolini’s Fascists called for a strong state exalting “authority, order, and justice” to unite Italian producers and soldiers in a national destiny free of the community-killing forces of liberal individualism and Communist collectivism. In a different way, Hitler’s National Socialists fought for a racial order, a Volksgemeinschaft, to overturn the Diktat of the Wilsonian peace, beat back the liberals’ assault on the body and spirit of the nation, and return Germany to its rightful place on the world stage. Both these movements opposing the anti-White subversions of the Wilsonians and Leninists did so, despite their plebeian-Caesarian politics, in a spirit akin to Europe’s ancient warrior aristocracies, whose tradition exalted personal power and regalian purpose.

Wilson’s Democratism

The focus of Venner’s history is the interwar struggle between liberalism, Communism, Fascism, and National Socialism. The focus in this reading is Wilson’s liberal democratism, whose “mission” it was to champion the plutocratic democracy of American capitalist enterprise, as it endeavored to wipe the historical slate clean of its European (especially its German and Catholic) accouterments.

Wilson’s crusading democratism stemmed from the dominant Puritan strain of America’s national tradition. Having settled their New Israel far from the morally compromised Europe they had fled and having identified their election with economic success, the Puritans defined themselves not in terms of their ancestor’s blood and heritage, but (once the spirit of capitalism overwhelmed their Protestant ethic) in terms of the Lockean “pursuit of happiness” — the very notion of which was alien to any sense of history and destiny. Such a Hebraic form of Christianity imbued the Wilsonians with the belief that their system was not only more virtuous than that of other peoples, but that it made them immune to their failings. (Though formally a Southerner, Wilson’s approach to Europe followed in the steps of earlier Northeastern Yankee elites, whose secularized Puritanism, in the form of Unitarian/Social Gospel humanism, motivated their century long assault on the religious and racial practices of the American South.)

The clash between aristocratic and democratic values — between Europe and America — reflected, of course, a more profound clash. Venner explains it in terms of Oswald Spengler’s Prussianism and Socialism (1919), which argues that the sixteenth-century Reformation produced two opposed visions of Protestant Christianity — the Calvinism of the English and the Lutheran Pietism of the Germans. The German vision rejected the primacy of wealth, comfort, and happiness, exalting the soldier’s aristocratic spirit and the probity this spirit nurtured in Prussian officialdom. English Protestants, by contrast, privileged wealth (a sign of election) and the external freedoms necessary to its pursuit. This made it a secularizing, individualistic, and above all economic “religion,” with each individual having the right to interpret the Book in his own light and thus to justify whatever it took to succeed.

Given England’s influence on America’s formation, Venner sees an analogous process at work in the United States. In the twentieth century, this process took the form of a money-driven variant of Calvinism, whose impetus has been to enfranchise those Puritan/Jewish/liberal/New Class projects that have been such a bane to white existence in the twentieth century: Those projects proposing a rupture with the past, the destruction of historic identities, and the creation of a new world where everything was possible — a new world where Jerusalem takes precedent over Athens, where the Brotherhood of Man is proclaimed with ethnocidal conviction, and America is celebrated as an anti-Europe.

So armed, the Wilsonians set out to destroy Europe’s ancient empires and aristocracies.

The New World

The war’s Wilsonian settlement (premised on the lie of German war guilt) left the traditional order in ruins, but, of even greater consequence, it prepared Europeans for future catastrophes, preeminently the Second World War (1939-45) — which would subject them to Soviet and American occupation and to a Judeo-corporate system intent on de-Europeanizing them by re-programming their morals and mentalities, deconstructing their thought and art, decolonizing their Asian and African empires, and eventually opening their gates to the Third World. The destruction of Europe’s aristocratic heritage had, in effect, been prelude to the ensuing assault on its blood and spirit.

Before the US entered the new world war set off by the failures of the Wilsonian peace, the promulgation of the Atlantic Charter (August 1941) called for another liberal crusade. In this spirit, the Charter’s democratic principles envisioned a postwar order based on monied interests, Anglo-American commerce, and liberal democracy — the foundations of which have become the present anti-White system. As an alliance combining the democratists’ most starry-eyed ideals and hard-headed interests, the US led coalition (the “United Nations”) aimed at destroying not just German Nazism, but the German nation, whose Prussian spirit rebuked everything the Wilsonians represented.

Eisenhower’s “Crusade in Europe” was accordingly waged with a ferocity unknown in European history. The two extra-European powers, the United States and the Soviet Union, were thus each ideologically committed to uprooting whatever remained of Europe’s living heritage. Their “anti-fascist” crusade was especially intent on criminalizing the Entente powers and the European values they embodied. The Nuremberg trials following the war would be the most conspicuous example of this crusading anti-Europeanism, but so too was the Allies’ effort to hunt down, silence, or kill their wartime opponents and to level Europe’s inherently anti-egalitarian order. (In France alone, 600,000 people were imprisoned following the “Liberation” and more than 40,000 summarily executed.)

Broken, demoralized, occupied, Europe in 1945 was ripe for re-education. The occupying powers’ culpablizing crusade would be especially effective in overcoming resistance to the new liberal utopia, even after the former allies embarked on their so-called Cold War (1947-89). Revealingly, American democratists were qualitatively more subversive than their more racially-conscious Russian counterparts. In the western half of the postwar’s US-SU Condominium, the culpabilitization of defeated Germany was extended to all of Western and Central Europe. (In the language of our little black brothers and sisters, original sin now became “a white thing.”) Europeans were henceforth expected to do penance for having once been powerful and creative, for having founded empires, for privileging rank, nobility, and valor, but above all for having been White and favored their own interests at the expense of Jews and other non-Europeans. The very idea of a White or European identity would, in fact, be treated hereafter as a pathology.

Japan, by contrast, suffered no such culpabilitization — not only because it experienced less of it, but also because Japanese culture refused to accept the victors’ image of itself. The culpabilitization of Europeans was so effective not simply because of the occupiers’ unchallenged power, but because it converged with a secularizing Christianity (a Judeo-Christianity?), whose Concordant with Caesar’s realm now sought to turn Europe’s former self-confidence into a form of self-loathing. The “irony” of this culpability (if irony is the word) was that the Europeans’ alleged guilt was a fraud: They had had no monopoly on so-called “crimes against humanity.” (The Anglo-American carpet bombing of civilians and the indiscriminate destruction of Europe’s great cities, the mass population transfers, the organized starvation campaigns, the unprecedented horrors associated with Hamburg, Dresden, Tokyo, Hiroshima, Nagasaki — nothing of this affected the anti-European balance of Allied justice or brought Russian, English, or American war criminals into the dockets).

The Iron Cage

Following the Cold War, in which Europeans were mere spectators, a new view of history was programmed for popular consumption: The view that saw the history of twentieth-century Europe in terms of its struggle for the cause of Holy Democracy, with its market utopia of general prosperity, the limitless liberties of its private life, the glories of its occupiers’ Semitically fabricated mass culture, and its rainbow mixture of diverse races and cultures.

Accordingly, the Soviets’ command economy and totalitarian controlled society gave way after 1989 not to utopia, but to a system animated by the forces of consumption, bureaucracy, spectacle, and sex. For though the democratists’ methods differed from those of the Communists, they too aspired to a raceless economic paradise and, to that end, now resort to totalitarian measures to criminalize, demonize, or pathologize whoever opposes their subversions.

In 1920, in his most famous book, Max Weber pointed out that a modernity subject solely to the market’s economic criteria engenders a ruthless rationalization of human life — what he called “the iron cage.” Venner argues that since 1945 Washington has imposed its version of the iron cage on Europe.

This has especially been the case in the European Union (EU). Though the idea of unification was an old one, Wilson’s heirs favored a model geared not just to Europe’s democratic re-education, but to its transformation into a US economic protectorate, closely integrated into the transnational super-structures which Washington and New York set in place during the course of the Cold War. The Marshall Plan, for example, dictated greater economic cooperation and integration centered on US regulated international trade, while Jean Monnet, the principal architect of the “common market,” was a Wall Street insider, friend to New York Jewish banking interests. Then, after America’s cat paw, Britain, entered the EU in 1972, Europe’s homegrown democratists (”the American Party” which has governed Europe since 1945) gave themselves over entirely to the liberal project, turning Europe into a free-trade zone subject to purely economic consideration. In this spirit, they now define Europe in anti-political (i.e., liberal) terms indifferent to all those historic, traditionalist, and national barriers obstructing the race-mixing imperatives of their monetary reign.

Venner calls the global order born of post-1945 Wilsonianism a “cosmocracy.” The cosmopolitan plutocracy of this cosmocracy, which became globally hegemonic after Communism’s collapse, makes the nation state obsolete, denationalizes its elites, and racially mixes incompatible peoples and cultures in the name of an abstract, quantitatively-defined Humanity indifferent to the survival of European peoples. Heir to liberalism’s inherent cosmopolitanism, as well as to Communist internationalism and the Judeo-Christian distortion of White identity, the collective culpabilitization that has been used since 1945 to manipulate the European conscience remains one of the cosmocracy’s most important supports. For to deflect criticism and squelch resistance, liberals and ex-Communists (whose chief distinction is their indifference to race, breeding, and every qualitative ascriptions resistant to the Judeo-liberal conception of democracy) need only appeal to their “anti-hate” laws and “human rights” to silence whoever challenges their inquisitional reign.

 

 

Having been guilty of the Holocaust, colonialism, and other so-called forms of racism, Europeans are now expected to open their arms to the refuse of the overpopulated Third World. The colored invasion now transforming Europe is gradually compelling Europeans to awake to what is happening to them and to take steps, however tentative at this point, toward the Reconquest of their imperiled homeland. But no one in their “democratic” ruling elites — these bloodless executors of that transnational super structure whose Hebraic spirit champions the interests of the Bilderbergers and Trilaterals, the established parties, the MSM, the NGOs, and the universities, whose guiding arm is the Jewish dominated banking system headquartered in New York, and whose principal geopolitical orientation is the Washington-London-Tel Aviv axis — no one in these elites has the slightest understanding of what is happening under their very noses, seemingly oblivious or indifferent to what the importation of millions of Africans and Asians means to Europe.

Fortunately for Europe’s scattered remnant (and it was a remnant that reconquered Spain), the cosmocracy is creating a crisis of such massive proportion that it is likely to provoke a catastrophic collapse that will give Whites one last chance to regain control of their destiny.

The Beginning that Stands Before Us

Europeans after 1945 fell into dormition, losing all consciousness of who they were as a people. Like Germans after the original Thirty Years Wars (1618-48), their thirty-year blood expenditure left them totally depleted, forcing them off the historical stage and into the arms of everything that today threatens their existence.

Dormition, though, is not death. This seems especially the case in that the democratists’ utopia has come to rest on increasingly uncertain foundations. Its objective failures, I think it is fair to argue, are more and more imposing themselves on the collective consciousness, while, subjectively, Europe’s once cowed and beaten nations are gradually beginning to reject the democratists’ cosmopolitan agenda, as national-populist parties snip away at the authority of the established regime. The rebellion of May 2005, in which the French, then the Dutch electorates, rejected the proposed EU constitution — and did so against all the concerted forces of the existing system — was a revenge of sorts on May 1945 and on the Judeo-liberal vision of a Europe indifferent to its own genetic-cultural heritage. Other, more meaningful rebellions have also begun to stir.

Bad as things have become, there is thus still reason for hope. Venner stresses that history never ends — wars are never decisively won. Fukuyama had no sooner proclaimed “the end of history” — the undisputed triumph of Wilson’s market model of world order — than Huntington’s Clash of Civilizations predicted that the end of the Cold War’s ideological strife would lead to even more apocalyptic conflicts.

Few defeats, then, are irredeemable, but only as long as the defeated remain heroic: For our vision of the past (our vision of who we were) inevitably shapes what we are to become. Venner’s study is cause, though, not for optimism, but for caution and circumspection. Every European of good stock, he claims, cannot but admire the reckless heroism of Homer’s Achilles, but the greatest Homeric hero is Ulysses — Ulysses of the thousand guises, who used all his patience and cunning to regain his home.

Historically, resistance, reconquest, and renaissance are the Ulyssean work of small groups bound by the asceticism of ancient military orders and inspired by a will for action, thought, and decision. Not coincidentally, the struggles such groups wage create new aristocracies, for war is the most merciless of the selective forces. Only this, Venner believes, will enable us to regain our lands and all that we once were.

As Europeans enter the twenty-first century, one thing alone seems clear: The future will not resemble the present. The unimaginable is already waiting in the wings. But though history is full of the unforeseeable, the forces of culture, race, and history never cease to weight on a people’s destiny, as they intersect with present circumstance to affect the future’s course. In this Venner finds hope. For his Europe (which has existed for 30,000 years) is the Europe whose spirit struggles for all that is noble.

Source: VNN, 21 June 2007.

dimanche, 10 avril 2011

Machiavelli the European

Machiavelli the European

Dominique Venner

Translated by Greg Johnson

Ex: http://www.counter-currents.com/

Machiavelli.jpgEven his own name has been turned against him. Indeed it is hardly flattering to be described as “Machiavellian.” One immediately envisions a hint of cunning and treacherous violence. And yet what led Machiavelli to write his most famous and scandalous works, The Prince, was concern for his fatherland, Italy.In his time, in the first years of the 16th century, he was, moreover, the only one who cared about this geographical entity. Then, one thought about Naples, Genoa, Rome, Florence, Milan, or Venice, but nobody thought of Italy. For that, it was necessary to wait three more centuries. Which proves that one should never despair. The prophets always preach in spiritual wastelands before their dreams rouse the unpredictable interest of the people.

Born in Florence in 1469, dying in 1527, Niccolò Machiavelli was a senior civil servant and diplomat. He participated in the great politics of his time. What he learned offended his patriotism, inciting him to reflect on the art of leading public affairs. Life enrolled him in the school of great upheavals. He was 23 years old when Lorenzo the Magnificent died in 1492. That same year, Alexander VI Borgia became pope. He temporarily made his son Cesare (in this time, the popes were not always celibate) a very young cardinal. Then he became Duke of Valentinois thanks to the king of France. This Cesare, who was tormented by a terrible ambition, never troubled himself about means.  In spite of his failures, his ardor fascinated Machiavelli.

But I anticipate. In 1494, an immense event occurred that upset Italy for a long time. Charles VIII, the young and ambitious king of France, carried out his famous “descent,” i.e., an attempt at conquest that upset the balance of the peninsula. After being received in Florence, Rome, and Naples, Charles VIII met with resistance and had to withdraw, leaving Italy in chaos. But it was not over. His cousin and successor, Louis XII, returned in 1500, staying longer this time, until the rise of Francis I. In the meantime, Florence had sunk into civil war and Italy had been devastated by condottieri avid for plunder.

Dismayed, Machiavelli observed the damage. He was indignant at the impotence of the Italians. From his reflections was born The Prince, the famous political treatise written thanks to a disgrace. The argument, with irrefutable logic, aims at the conversion of the reader. The method is historical. It rests on the comparison between the past and the present. Machiavelli states his conviction that men and things do not change. He continues to speak to the Europeans who we are.

In the manner of the Ancients – his models – he believes that Fortune (chance), illustrated as a woman balancing on an unstable wheel, determines one half of human actions. But, he says, that leaves the other half governed by virtue (the virile quality of audacity and energy). To the men of action whom he calls to do his wishes, Machiavelli teaches the means of governing well. Symbolized by the lion, force is the first of these means to conquer or maintain a state. But it is necessary to join it with the slyness of the fox. In reality, it is necessary to be lion and fox at the same time: “It is necessary to be a fox to avoid the traps and a lion to frighten the wolves” (The Prince, ch. 18). Hence his praise, stripped of all moral prejudice, of pope Alexander VI Borgia who “never did anything, never thought of anything, but deceiving people and always found ways of doing it” (The Prince, ch. 18). However, it is the son of this curious pope, Cesare Borgia, whom Machiavelli saw as the incarnation of the Prince according to his wishes, able “to conquer either by force or by ruse” (The Prince, ch. 7).

Put on the Index, accused of impiety and atheism, Machiavelli actually had a complex attitude with respect to religion. Certainly not devout, he nevertheless bowed to its practices. In his Discourses on the First Ten Books of Titus Livy, drawing on the lessons of ancient history, he wonders about the religion that would be best suited for the health of the State: “Our religion placed the supreme good in humility and contempt for human things. The other [the Roman religion] placed it in the nobility of soul, the strength of the body, and all other things apt to make men strong. If our religion requires that one have strength, it is to be more suited for suffering than for strong deeds. This way of life thus seems to have weakened the world and to have made it prey for scoundrels” (Discourses, Book II, ch. 2). Machiavelli never hazarded religious reflections, but only political reflections on religion, concluding, however: “I prefer my fatherland to my own soul.”

Source: http://www.dominiquevenner.fr/#/edito-nrh-53-machiavel/3813836

lundi, 31 janvier 2011

The Warrior & the City

The Warrior & the City

Dominique Venner

Ex: http://www.counter-currents.com/

Translated by Greg Johnson

Hoplite_Armour.jpgIn 1814, at the end of the Napoleonic wars, Benjamin Constant wrote with relief: “We have arrived at the age of commerce, the age that must necessarily replace that of war, as the age of war necessarily had to precede it.” Naïve Benjamin! He took up the very widespread idea of indefinite progress supporting the advent of peace between men and nations.

The age of soft commerce replacing that of war . . . We know what the future made of that prophecy! The age of commerce was imposed, certainly, but by multiplying wars. Under the influence of commerce, science, and industry—in other words “progress”—wars even took on monstrous proportions that nobody could have imagined.

There was, however, some truth in Constant’s false forecast. If the wars continued and even thrived, on the other hand, the figure of the warrior lost his social prestige to the profit of the dubious figure of the tradesman. This is the new age in which we still live, for the time being.

The figure of the warrior was dethroned, and yet the institution of the military has endured more than any other in Europe after 1814. It has endured from the time of the Iliad—thirty centuries—while transforming, adapting to all changes in ages, war, societies, and political regimes, but still preserving its essence, which is the religion of pride, duty, and courage. This permanence in change is comparable only to that of another imposing institution, the Church (or the churches). The reader is shocked. A surprising comparison! And yet . . .

What is the army since Antiquity? It is a quasi-religious institution, with its own history, heroes, rules, and rites. A very old institution, older even than the Church, born from a need as old as humanity, and which is nowhere near ceasing. Among Europeans, it was born from a spirit that is specific to them and which—unlike the Chinese tradition, for example—makes war a value in itself. In other words, it was born from a civic religion arising from war, whose essence, in a word, is admiration for courage in the face of death.

This religion can be defined as that of the city in the Greek or Roman sense of the word. In more modern language, it is a religion of the fatherland, great or small. As Hector put it 30 centuries ago in Book XII of the Iliad, to deflect an ill omen: “It is not for a good outcome that we fight for our fatherland” (XII, 243). Courage and fatherland are connected. In the last battle of the Trojan War, feeling beleaguered and doomed, Hector tears himself from despair with the cry: “Oh well! No, I do not intend to die without a fight, nor without glory, nor without some great deed that is retold in times to come” (XXII, 304–305). One finds this cry of tragic pride in all epochs of a history that glorifies the ill-fated hero, magnified by an epic defeat: Thermopylae, the Song of Roland, Camerone, or Diên Biên Phu.

Chronologically, the warrior band comes before the state. Romulus and his bellicose companions first traced the future boundaries of the City and laid down its inflexible law. For having transgressed it, Remus was sacrificed by his brother. Then, and only then, did the founders seize the Sabine women to ensure their descent. In the foundation of the European state, the order of free warriors precedes that of families. This is why Plato saw Sparta as far closer to the model of the Greek city than Athens.[1]

Weak though they may be, today’s European armies constitute islands of order in a crumbling environment where fictions of states promote chaos. Even diminished, an army remains an institution based on strong discipline and participating in civic discipline. That is why this institution carries in it a genetic seed of restoration, not by seizing power or militarizing society, but by reasserting the primacy of order over disorder. It is what the compagnonnages of the sword did after the disintegration of the Roman Empire and so many others after that.

Note

1. In Les métamorphoses de la cité, essai sur la dynamique de l’Occident (Paris: Flammarion, 2010), based on the reading of Homer, Pierre Manent highlights the role of warlike aristocracies in the foundation of the ancient city.

Source: http://www.dominiquevenner.fr/#/edito-nrh-52-homme-de-gue...

dimanche, 30 janvier 2011

An Internal Clash of Civilizations

An Internal Clash of Civilizations

Dominique Venner

Ex: http://www.counter-currents.com/

Translated by Greg Johnson

History does not move like the course of a river, but like the invisible movement of a tide filled with eddies. We see the eddies, not the tide. Such is the present historical moment in which Europeans and the French live. The contradictory eddies of the present hide from them the inexorable tide of a clash of civilizations in their own lands.

Since 1993, Samuel Huntington has distinguished with rather remarkable prescience, one of the most important new phenomena of the post-Cold War era. His thesis of the “clash of civilizations” provoked indignant reactions and sometimes justified criticisms.[1] However, what he predicted is being slowly  confirmed by reality. In substance, Huntington predicted that, in the post-Cold War era, the distinctions, conflicts, or solidarity between powers would no longer be ideological, political, or national, but above all civilizational.

Is the “clash of civilizations” really a new phenomenon? One might say that there were always conflicts between civilizations in the past: Median wars, the Christianization of Rome, the Muslim conquests, the Mongol invasions, the European expansion beginning in the 16th century, etc.

The novelty of our time, although ill-discerned by Huntington, is due to the combination of three simultaneous historical phenomena: the collapse of longstanding European supremacy after the two World Wars, decolonization, and the demographic, political, and economic rebirth of old civilizations that one might have believed were defunct. Thus the Moslem countries, China, India, Africa, or South America mounted, against American power (equated with the West), the challenge of their reawakening and sometimes aggressive civilizations.

The other novelty of our time, an absolute novelty, a consequence of the same historical reversals, is the wave of immigration and settlement by Africans, Asians, and Muslims hitting all of Western Europe. Everywhere, its effects are becoming crushing, in spite of attempts to hide it by the political and religious oligarchies, which are its objective accomplices.

Beyond the questions of “security” whipped up during elections, everything indicates that a genuine clash of civilizations is mounting on European soil and within European societies. Nothing proves it better than the absolute antagonism between Muslims and Europeans on the question of sex and femininity. A question that one could describe as eternal, so far as it is already discernible in Antiquity between the East and the West, then throughout the Middle Ages and modern times.[2] The female body, the social presence of women, the respect for femininity are eloquent proofs of identities in conflict, incompatible ways of being and living which span time. One could add many other moral and behavioral oppositions concerning with the good manners, education, food, the respect for nature and the animal world.

A consequence of this fundamental otherness is that Europeans are being compelled to discover their membership in a common identity. This identity rises above old national, political, or religious antagonisms. French, Germans, Spaniards, or Italians discover little by little that they are adrift in the same leaky boat, confronted with the same vital challenge before which the political parties remain dumb, blind, or crippled.

In the face of this conflict of civilizations, the political answers of yesterday suddenly seem outmoded and absurd. What is at stake is not a question of regime or society, right or left, but a vital question: to be or to disappear. But before we find the strength to decide what must be done to save our identity, it would still be necessary it to have a strong awareness of it.[3] For lack of an identitarian religion, Europeans have never had this awareness. The immense ordeal we are going through will have to awaken it.

Notes

1. See Nouvelle Revue d’Histoire no. 7, pp. 27 and 57.

2. Denis Bachelot, L’Islam, le sexe et nous [Islam, Sex, and us] (Buchet-Chastel, 2009). See also the article of this author in Nouvelle Revue d’Histoire no. 43, pp. 60–62.

3. I discuss the question of identity in my essay Histoire et tradition des Européens (Le Rocher, nouvelle édition 2004).

Source: http://www.dominiquevenner.fr/#/edito-nrh-51choc-civilisations/3745095

Translator’s Note: I omitted the first paragraph of the French original, which makes sense only in the context of the journal in which it was originally published.

mardi, 25 janvier 2011

Dominique Venner présente: "Histoire de l'armée allemande 1939-1945" de Philippe Masson


Dominique Venner présente:

Histoire de l'armée allemande 1939-1945 de Philippe Masson

dimanche, 23 janvier 2011

D. Venner: l'homme de guerre et la Cité

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Dominique VENNER:

L'homme de guerre et la cité

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com/

En 1814, au terme des guerres napoléoniennes, l’écrivain en vue qu’était Benjamin Constant écrivait avec soulagement : « Nous sommes arrivés à l’époque du commerce, époque qui doit nécessairement remplacer celle de la guerre, comme celle de la guerre a dû nécessairement la précéder. » Naïf Benjamin ! Il reprenait l’idée très répandue d’un progrès indéfini favorisant l’avènement de la paix entre les hommes et les nations.

L’époque du doux commerce remplaçant celle de la guerre… On sait ce que l’avenir a fait de cette prophétie ! L’époque du commerce s’est imposée, certes, mais en multipliant les guerres. Sous l’effet du commerce, des sciences et de l’industrie, autrement dit du « progrès », elles ont même pris des proportions monstrueuses que personne n’aurait pu imaginer.

Il y avait cependant quelque chose de vrai dans la fausse prévision de Benjamin Constant. Si les guerres ont continué et même prospéré, en revanche, la figure du guerrier a perdu son prestige social au profit de la figure douteuse du commerçant. Telle est bien la nouveauté dans laquelle nous vivons encore provisoirement.

La figure du guerrier a été détrônée, et pourtant l’institution militaire a perduré en Europe plus qu’aucune autre après 1814. Elle perdurait même depuis l’Iliade – trente siècles - en se transformant, en s’adaptant à tous les changements d’époque, de guerre, de société ou de régime politique, mais en préservant son essence qui est la religion de la fierté, du devoir et du courage. Cette permanence dans le changement n’est comparable qu’à celle d’une autre institution imposante, l’Eglise (ou les églises).
Le lecteur sursaute. Surprenante comparaison ! Et pourtant...

Qu’est-ce que l’armée depuis l’Antiquité ? C’est une institution quasi religieuse, avec son histoire propre, ses héros, ses règles et ses rites. Une institution très ancienne, plus ancienne même que l’Église, née d’une nécessité aussi vieille que l’humanité, et qui n’est pas près de cesser. Chez les Européens, elle est née d’un esprit qui leur est spécifique et qui, à la différence par exemple de la tradition chinoise, fait de la guerre une valeur en soi. Autrement dit, elle est née d’une religion civique surgie de la guerre, dont l’essence tient en un mot, l’admiration pour le courage devant la mort.

Cette religion peut se définir comme celle de la cité au sens grec ou romain du mot. En langage plus moderne, une religion de la patrie, grande ou petite. Hector le disait déjà à sa façon voici trente siècle au XIIème chant de l’Iliade, pour écarter un présage funeste : « Il n’est qu’un bon présage, c’est de combattre pour sa patrie »  (XII, 243). Courage et patrie sont liés. Lors du combat final de la guerre de Troie, se sentant acculé et condamné, le même Hector s’arrache au désespoir par un cri : « Eh bien ! non, je n’entends pas mourir sans lutte ni sans gloire, ni sans quelque haut fait dont le récit parvienne aux hommes à venir » (XXII, 304-305). Ce cri de fierté tragique, on le trouve à toutes les époques d’une histoire qui magnifie le héros malheureux, grandi par une défaite épique, les Thermopyles, la Chanson de Roland, Camerone ou Dien Bien Phu.

Dans la succession chronologique, l’institution guerrière précède l’Etat. Romulus et ses belliqueux compagnons tracent d’abord les limites futures de la Ville et en fondent la loi inflexible. Pour l’avoir transgressée, Remus est sacrifié par son frère. Ensuite, mais ensuite seulement, les fondateurs s’emparèrent des Sabines pour assurer leur descendance. Dans la fondation de l’Etat européen, l’ordre des libres guerriers précède celui des familles. C’est pourquoi Platon voyait dans Sparte le modèle achevé de la cité grecque, plus et mieux qu’Athènes (1).

Aussi affaiblies soient-elles, les armées européennes d’aujourd’hui constituent des exceptions d’ordre dans un environnement délabré où des fictions d’Etats favorisent le chaos. Même diminuée, une armée reste une institution fondée sur une forte discipline participant à la discipline civique. C’est pourquoi cette institution porte en elle un germe génétique de restauration, non en prenant le pouvoir ni en militarisant la société, mais en redonnant la primauté à l’ordre sur le désordre. C’est ce que firent les compagnonnages de l’épée après la désagrégation de l’Empire romain et tant d’autres par la suite.

Dominique Venner

1. Dans Les métamorphoses de la cité, essai sur la dynamique de l’Occident, (Flammarion, 2010), s’appuyant sur la lecture d’Homère, Pierre Manent met en évidence le rôle des aristocraties guerrières dans la fondation de la cité antique.

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mardi, 28 décembre 2010

Dominique Venner: un maestro para el euroculturalismo

Dominique Venner: UN MAESTRO PARA EL EUROCULTURALISMO

Ex: http://urkultur-imperium-europa.blogspot.com/

 

Sebastian J. Lorenz
Con buen criterio, Áltera ha publicado el excelente ensayo histórico “Europa y su destino” de Dominique Venner, que viene a cubrir un vacío en el mundo editorial español, si exceptuamos la edición de “Baltikum” (la historia de los cuerpos francos). Venner es seguramente, junto a Thiriart, el padre de un nuevo europeísmo revolucionario y uno de los primeros maestros de la “Nouvelle Droite” francesa, y del pensador galo Alain de Benoist. Pero echemos un vistazo a su vida y su obra.
Miembro del movimiento “Jeune Nation”, Venner abogó desde el principio por la creación de una organización nacionalista europea y revolucionaria. En 1962 escribe su famoso ensayo “Pour une crítique positive” (1962) y se convierte en uno de los principales inspiradores de la “Féderation d´Etudiants Nationalistes” (FEN), organización en la que un joven Alain de Benoist publica sus primeros ensayos filosóficos. En 1963 Venner funda el grupo “Europe Action” que Alain empieza a frecuentar. El encuentro entre el veterano y la joven promesa será decisivo y se materializará en un nacionalismo europeísta, antiliberal y anticristiano.
El impacto de este ensayo en el ámbito del nacional-europeísmo francés, limitado hasta entonces al nacional-comunitarismo de Jean Thiriart- debió ser tremendo. La reflexión intelectual y filosófica, hasta el momento despreciada por el nacionalismo europeo, más proclive a la acción que a la meditación, será la fuente de inspiración para la creación del GRECE (Groupement de recherche et d'études pour la civilisation européenne). El nacional-europeísmo de Venner será determinante en la formación –y posterior evolución– de toda una generación de pensadores europeístas, cuyos tempranos escritos se mueven entre la ética nacionalista y la identidad étnica pero, gracias al influjo de Venner, este nuevo nacionalismo europeo se desprende del romanticismo decimonónico, del historicismo eurocéntrico y del universalismo modernista, para reclamar la prioridad identitaria de una Europa superior –en términos civilizatorios- etnoculturalmente.
En el citado ensayo, Venner establece los principios básicos de una nueva estrategia metapolítica: la necesidad de una nueva elaboración doctrinal y el desplazamiento del combate hacia la lucha ideológica y cultural. Algunos cronistas han comparado la obra de Venner con el “¿Qué hacer?” de Lenin, afirmando que en determinados aspectos de autocrítica, estrategia política y doctrina, supone un auténtico “giro leninista”, que los neo-revolucionario-conservadores europeos adoptará en lo sucesivo. ¿No son conocidos los autores de la “Konservative Revolution” alemana como los “trotskistas” del totalitarismo de entreguerras?
Dentro de esta dinámica, Venner constituye en 1966 el “Mouvement Européen de la Liberté”. El fracaso de todas estas iniciativas políticas impulsó el movimiento de “Europe Action”, ya planteado como una fracción intelectual nacida de la derrota política, que no ideológica. A principios de la década de los 70 del siglo pasado, Venner abandona toda actividad política, centrándose en la elaboración ensayística, especialmente en la investigación histórica.
La estrategia de “purificación doctrinal y cultural”, siguiendo las pautas de un “gramscismo de derecha”, resituará el centralismo nacionalista en un nuevo proyecto revolucionario-conservador europeo. Frases como “la unidad revolucionaria es imposible sin unidad de doctrina” o “la revolución es menos la toma de poder que su uso en la construcción de una nueva sociedad”, serán las aspiraciones metapolíticas de esta corriente de pensamiento, cuya estrategia asumirá la vía de la lucha de las ideas para conseguir, primero, el poder cultural, y, posteriormente, la hegemonía política y la transformación social.
El pensador francés lanzará en su famoso “Manifeste” una serie de consignas anticapitalistas, anticomunistas y anti-igualitarias, en las que expresa la trascendencia y la necesidad de retomar una perspectiva europea del nacionalismo francés, con el objetivo de alcanzar “la reconstrucción de Francia y Europa”. Esa idea de regeneración europea estará presente en toda su obra posterior, como lo demuestra la publicación en 2002 de “Histoire et tradition des Européens: 30.000 ans d´identité” y en 2006 del compendio “Le Siécle de 1914. Utopies, guerres et révolutions en Europe au Xxe siécle”. Desde 2002 Venner dirige la “Nouvelle Reveu d´Histoire”.
Venner coincidirá –en vínculos y objetivos- con Jean Mabire en la realización de una síntesis del oxímoron “revolución-conservación”. Mabire dirá que “toda revolución es, antes que nada, revisión de las ideas recibidas”, en la creencia de “que los reaccionarios, es decir, aquellos que reaccionan, son obligatoriamente revolucionarios”. Es, en definitiva, el segundo acto de una “Revolución Conservadora Europea”. Y a ello consagrarán su vida y su obra una serie de pensadores europeos para quienes Venner ha sido un referente ideológico fundamental. Paganismo, europeismo, socialismo, tradicionalismo y etnoculturalismo, consignas para una transmodernidad del siglo XXI.
La primera y agradable impresión al leer el libro “Europa y su destino”es el sorprendente conocimiento que Venner tiene de la historia de España y, en especial, de la obra filosófica de nuestro Ortega y Gasset. El documento parte de una idea temporal: el siglo del 14, símbolo de la catástrofe europea derivada del primer acto de la gran guerra civil europea, fecha que marca a toda una “generación de combate” –como las califica el propio Ortega- o Frontgeneration. En España la “generación de la re-generación” será la del 98, con Miguel de Unamuno como máximo exponente, un grupo de intelectuales que pretendían salvar el declive de España a través de Europa, y a este movimiento le sucedería la llamada “generación del 14”, en la que se encuadra el propio Ortega -como señaló Robert Wohl-, el cual tuvo una especial relación y vinculación con los autores de la Konservative Revolution alemana. La gran guerra provocó el deseo de crear nuevos valores y derribar y abandonar los ya caducos entre los inútiles escombros del conflicto bélico (la modernidad). El viejo continente había perdido su “orden europeo” (Venner), la “capacidad de mando civilizadora” (Ortega), dejando un tremendo vacío, pero resurgiendo con fuerza una nueva idea, la recuperación de la identidad europea. Y a ello se dedica Venner en su libro, pero ya no cuento nada más, hay que comprarlo y leerlo.